L'immunothérapie oncologique a comme particularité de ne pas s'attaquer directement à la tumeur, mais de stimuler les cellules immunitaires impliquées dans sa reconnaissance et sa destruction. Ce type de thérapie novatrice se développe selon deux approches distinctes : pharmacologique ou cellulaire.
« Les médicaments actuellement disponibles pour les patients ciblent le système immunitaire pour l'activer », rappelle le Pr George Coukos, directeur du département d’oncologie du centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) à Lausanne. Certains anticorps monoclonaux (anti-PD1 et anti-CTLA4, par exemple) lèvent les mécanismes d'inhibition du système immunitaire induits par la tumeur. Le système immunitaire peut alors pleinement s'exprimer pour détruire cette dernière. « Outre le mélanome, ces thérapies bénéficient de nombreuses indications dans le cancer. Près de 40 % des patients cancéreux sont éligibles à l'immunothérapie par anticorps monoclonaux. Parmi ceux-ci, un tiers présente un bénéfice clinique important. Cela peut être une réponse complète ou partielle mais durable (plusieurs mois ou années sans rechute) », ajoute l'oncologue suisse.
L’immunothérapie cellulaire, quant à elle, consiste à prélever des lymphocytes T dans le sang du patient pour les modifier in vitro. L'objectif étant d'obtenir l'expression de récepteurs spécifiques à leur surface, reconnaissant un antigène tumoral. Après avoir été génétiquement modifiées, ces cellules sont multipliées en laboratoire et réinjectées dans l'organisme du patient afin qu'elles détruisent les cellules cancéreuses. « Il s'agit là d'une véritable transplantation immunitaire. Cette thérapie est très efficace dans les leucémies aiguës (90 % de répondeurs). Par ailleurs, à deux ans, 70 % des patients n'ont pas de rechute. Dans le lymphome, les cellules de type CAR-T apportent une réponse complète chez un patient sur deux et un espoir de guérison pour 20 % d'entre eux », rapporte le Pr Coukos.
Une recherche très active
L’oncologie de précision cherche à identifier, grâce à la présence (ou l'absence) de biomarqueurs, le traitement efficace pour un patient donné. En fonction des biomarqueurs, le médecin définit le traitement qui aura le plus de chance de succès pour ce patient. « Nous espérons, à l'avenir, mieux utiliser les anticorps monoclonaux et pouvoir les combiner avec d'autres traitements (notamment l'immunothérapie cellulaire) pour en augmenter l'efficacité. Cette personnalisation passe par l’analyse d’une masse colossale de données avec un recours obligatoire à l’intelligence artificielle », souligne le Pr Olivier Michielin, chef du centre d’oncologie de précision de l’hôpital universitaire de Lausanne.
La recherche en immunologie des cancers est très dense. Au CHUV, par exemple, de nouveaux protocoles sont en cours pour traiter les tumeurs solides via la thérapie lymphocytaire. « Ce type de traitement a révolutionné l'immunothérapie, souligne le Pr Coukos. Grâce aux protocoles lymphocytaires de deuxième génération, nous pouvons désormais guérir des tumeurs métastatiques avancées. Ces protocoles consistent à enrichir le traitement par des lymphocytes spécifiques, reconnaissant les mutations individuelles des tumeurs de chaque patient. D'ici à quelques années, nous devrions bénéficier de ces traitements personnalisés dans de nombreux cancers, notamment, pour les tumeurs solides ».
D'après une conférence du laboratoire Roche
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