« UN PAYS a besoin d’un carnet de santé, comme une personne a besoin d’un dossier médical, avec une évaluation périodique de son risque cardio-vasculaire global », souligne le Pr Joël Ménard, ancien directeur général de la Santé, actuellement au Laboratoire de santé publique et informatique médicale de la faculté Paris-Descartes. Son éditorial introduit quatre articles du « BEH » qui contribuent « à la connaissance d’un facteur de risque cardio-vasculaire majeur évitable et curable, l’hypertension artérielle ». La difficulté, rappelle le Pr Ménard, vient de l’hétérogénéité des méthodes de mesure et le fait que « rien n’est plus déroutant que la mesure tensionnelle ». Les deux principales études rapportées* sont quoi qu’il en soit parlantes, mettant en évidence à la fois la porte prévalence de la pathologie et les progrès qui restent à faire pour la détecter, la traiter et la contrôler.
L’Étude nationale nutrition santé (ENNS) a été conduite en France métropolitaine en 2006-2007. La pression artérielle a été mesurée auprès d’un échantillon de la population âgée de 18 à 74 ans vivant en ménage ordinaire. L’HTA a été définie par une pression artérielle systolique (PAS) supérieure ou égale à 140 mm Hg ou une pression diastolique (PAD) supérieure ou égale à 90 mm Hg ou encore par la prise d’un médicament à action antihypertensive. Selon ces normes, la prévalence de l’HTA atteint 31 %. Elle augmente avec l’âge et est plus élevée chez les hommes (34,1 %) que chez les femmes (27,8 %). Parmi les hypertendus, la moitié seulement (52 %) étaient au courant de leur HTA. Quant aux hypertendus connus, si 82 % étaient traités, près de la moitié (49,1 %) avaient encore une pression artérielle trop élevée. Autre avantage féminin : les femmes avaient une connaissance, un traitement et un contrôle de l’hypertension plus fréquents. Limite de l’étude, les mesures de la pression artérielle ont été effectuées au cours d’une seule visite.
Le Nord et l’Est plus touchés.
La deuxième étude est issue de celle qui porte le joli nom de Mona Lisa et a été conduite entre 2005 et 2007 dans trois régions, la Communauté urbaine de Lille, le Bas-Rhin et la Haute-Garonne. Les participants, âgés de 35 à 74 ans, ont été tirés au sort sur les listes électorales après stratification. Leur pression artérielle a été mesurée alors qu’ils étaient assis, au repos depuis 10 minutes. Dans cette population, la prévalence de l’HTA, si elle a baissé par rapport aux résultats obtenus dix ans auparavant, reste forte, à 47 % pour les hommes et 35 % pour les femmes. Elle augmente avec l’âge, de 23,9 et 8,6 % respectivement chez les 35-44 ans à 79,8 et 71,3 % chez les 65-74 ans. Et l’on est plus souvent hypertendu à Lille et à Strasbourg qu’à Toulouse. Dans 80 % des cas, un traitement est retrouvé, le plus souvent une plurithérapie (53 %), surtout chez les plus âgés, mais seulement 24 % des hommes et 39 % des femmes sont bien contrôlés. Là encore, les auteurs reconnaissent une limite à l’étude, le fait que les deux mesures ont été réalisées au cours du même examen, alors que les recommandations, pour le diagnostic clinique d’HTA, sont de deux mesures par consultation au cours de trois consultations successives. Même si la prévalence de l’hypertension est probablement surestimée, il apparaît que des « progrès notables » doivent encore être réalisés dans la prise en charge.
* Les deux autres portent sur la Guadeloupe et les Antilles-Guyane.
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