ON DEMANDE aux médecins de les prescrire, aux pharmaciens de les dispenser et aux patients de les demander. Quoi de plus logique en effet que d’adhérer à la politique des génériques, puisque leur prix est inférieur à celui des molécules de référence et que, par définition, un générique a la même composition qualitative et quantitative en principe actif que le médicament princeps, la même forme pharmaceutique et une bioéquivalence démontrée par des études de biodisponibilité. Mais rien n’est simple. Certes, les génériques présentent de nombreux avantages : réalisation d’économies de santé substantielles, prescription en DCI, et protection contre les contrefaçons, par ses garanties de qualité pharmaceutique prouvées et démontrées. Mais, souligne le Pr Claire Le Jeunne (Hôtel-Dieu, Paris), « les inconvénients existent : la politique du générique a créé des relations compliquées entre médecins, pharmaciens, sécurité sociale et patients ; certaines études remettent en cause la bioéquivalence ; enfin la recherche industrielle s’arrête quand un brevet tombe. »
Question bioéquivalence, Le Dr Carmen Kreft-Jais (Afssaps) a détaillé une étude rétrospective (1) comparant la biodisponibilité de génériques et de leur princeps aux États-Unis pendant 12 ans (de 1996 à 2007). Ses résultats montrent que les concentrations maximales et les concentrations en fonction du temps des génériques, par rapport aux molécules de référence, variaient de moins de 10% pour les paramètres approuvés par la FDA. « Ce qui veut dire que les règles qui ont été instituées et les contrôles qui ont été mis en place permettent d’assurer la qualité et l’efficacité des génériques », insiste-elle.
Surveillance.
« Dans le traitement de l’hypertension artérielle, le praticien doit s’appuyer sur les recommandations de l’Afssaps. Dans l’hypertension artérielle sévère, on peut insister sur une surveillance accrue lors de substitution d’un princeps par un générique ou encore lors d’un changement de générique. Mais on ne retrouve pas dans la littérature d’exemples de différence d’efficacité lors de la substitution », rappelle le Pr Bernard Chamontin (Toulouse).
Ainsi, les résultats d’une étude parue en 2004 (2) ne montrent pas de différence de la biodisponibilité, de l’efficacité et de la tolérance, de deux formulations d’énalapril. Mais, parallèlement, il existe des études signalant des modifications de la libération du maléate d’énalapril lorsqu’il est soumis à de fortes températures ou à l’humidité. On peut alors imaginer des modifications de réponse. Concernant l’amlodipine, une étude de 2007 (3) ne montre aucune différence, ni dans l’efficacité, ni dans la tolérance du générique, par rapport au princeps. « Il faut souligner, rappelle le Pr Chamontin, que ces études étaient réalisées sur des sujets jeunes porteurs d’une HTA légère à modérée. On sait aussi que le maléate d’amlodipine peut parfois présenter des impuretés, qui pourraient modifier la réponse thérapeutique (4). Un autre travail à remarquer est une méta-analyse (5) couvrant notamment cinq classes de médicaments antihypertenseurs (bêta-bloquants, inhibiteurs calciques, IEC, diurétiques, alpha-bloquants) et dont les résultats montrent qu’il n’y a pas de différence d’efficacité entre le générique et le médicament de référence. Ces études sont rassurantes. Quoi qu’il en soit, le praticien doit s’en remettre aux institutions qui ont la mission de veiller à la sécurité des médicaments ».
D’après la session la prescription des médicaments génériques dans l’HTA.
(1) Davit BM et coll. Ann pharmacother 2009;43(10):1583-97. Epub 2009 Sep 23.
(2) Portoles A et coll. Curr Current Therapeutic Research 2004;65(1):34-46.
(3) Kim SH et coll. Clin Ther 2007;29(9):1924-36.
(4) Meredith PA. Curr Med Res Opin. 2009;25(9): 2179-89.
(5) Kesselheim Aaron S. et coll. JAMA 2008 Dec 3;300(21):2514-26.
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