Les désordres hypertensifs de la grossesse (DHG) - hypertension gravidique, prééclampsie, éclampsie - augmentent fortement le risque de développer une hypertension dans les années suivant l'accouchement, met en lumière une étude de cohorte, publiée dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » du 12 avril. Ceci, alors que la prévalence de ces désordres augmente dans plusieurs pays, en raison de l'augmentation de l'âge de la première grossesse et de la prévalence du surpoids et de l'obésité.
Si le risque à long terme d'HTA chronique, de maladie cardiovasculaire ou rénale était connu, même après retour au niveau tensionnel initial après l'accouchement, « l'impact à court terme des DHG sur la survenue de ces événements et notamment l'HTA chronique reste insuffisamment étudié », est-il expliqué.
Les chercheurs se sont penchés sur la cohorte Conception, soit 2 663 573 femmes incluses, primipares sans hypertension artérielle (HTA) chronique l'année précédant la grossesse, et ayant accouché en France entre 2010 et 2018. Elles ont été suivies en moyenne 3 ans à partir de la 6e semaine post-partum. Une HTA chronique était identifiée par au moins trois délivrances d'un traitement antihypertenseur en un an.
Près de 7 % de DHG chez les femmes enceintes
Parmi elles, 180 063 (6,67 %) ont développé un DHG, dont la majorité (4,27 %), une hypertension gravidique (HG) et 2,49 %, une prééclampsie (PE). Elles se distinguaient par un âge plus avancé et des bébés nés à un âge gestationnel plus précoce ; elles avaient plus de risque d'être obèses, bénéficiaires de la CMUc, diabétiques, d'avoir une césarienne, une mort fœtale in utero ou une hémorragie de la grossesse ou du post-partum.
Au cours du suivi, 1,78 % des femmes ont développé une HTA, en particulier celles qui avaient eu un DHG lors de la grossesse. Ainsi, près de 9 % des femmes ayant eu une hypertension gravidique et près de 11 % de celle ayant eu une PE ont développé une HTA, par rapport à 1,23 % pour celles n'ayant pas eu de DHG.
Le risque d'avoir une HTA est plus important quand la grossesse a été marquée par un DHG (que si elle s'est passée sans problème) (aHR de 6,77), d'un facteur 6 en cas d'hypertension gravidique voire d'un facteur 8 en cas de prééclampsie. Le risque est d'autant plus fort que la PE est sévère (9,9), précoce (12,9) ou associé à une hypertension gravidique (13,17). Les modèles statistiques ayant pris en compte les facteurs de risque d'HTA connus que sont l'obésité ou le diabète, l'étude montre donc bien une relation de causalité, lit-on.
Importance du suivi tensionnel
Les auteurs soulignent l'intérêt de la consultation d'annonce à distance de l'accouchement, que la Société française d'HTA (SFHTA) recommande pour les femmes ayant eu un DHG. Cette consultation est l'occasion d'expliquer le lien avec la survenue future des maladies cardiovasculaires et rénales et de préconiser un suivi multidisciplinaire. SPF insiste sur l'importance d'un suivi tensionnel au long cours, même si les chiffres de pression artérielle reviennent à la normale après l'accouchement. « Le dépistage de l'HTA chronique chez les femmes ayant eu un DHG pourrait être amélioré en insistant sur l'importance du suivi tensionnel auprès des médecins, notamment généralistes et médecins du travail », lit-on. En particulier pour celles qui ont eu une PE sévère, précoce, ou compliquant une hypertension gravidique.
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