Il n’y a pas qu’avec ChatGPT que l’intelligence artificielle (IA) fait parler d’elle ; ces derniers mois, une série d’études ont décrit des applications prometteuses d’algorithmes intelligents en cardiologie.
Des IA prometteuses
Premier exemple, une application mobile d’analyse du langage, récemment développée et validée sur plus de 400 patients dans le dépistage des décompensations d’insuffisance cardiaque, dont les performances ont été rapportées au congrès de l’American Heart Association (AHA). Cette application propose chaque matin aux participants de lire à haute voix cinq phrases, et d’analyser leur diction à la recherche d’altération de leur voix. Ce dispositif prédit plus de 70 % des décompensations, en moyenne 26 jours avant l’évènement.
Une étude chinoise suggère aussi que l’utilisation de l’IA pourrait améliorer l’analyse des ECG : chez 40 000 patients s’étant présentés aux urgences, une analyse des ECG assistée par IA a permis de détecter plus précocement et de façon plus fiable les cas d’infarctus.
Au-delà de ces applications pratiques, une autre investigation, américaine, évoque un intérêt de l’intelligence artificielle pour les essais cliniques. Selon un travail de Cunningham et al. publié dans le Jama, l’IA permettrait d’automatiser l’analyse des dossiers médicaux des participants à des essais cliniques, afin d’identifier plus rapidement d’éventuels évènements cardiovasculaires.
La génétique contre l’hypercholestérolémie
Sur un tout autre sujet, les résultats intermédiaires d’un premier essai d’administration chez l’humain de la thérapie expérimentale VervE-101 — fondée sur Crispr-Cas9 ciblant le gène PCSK9 — témoignent de l’application en cardiologie des technologies d’édition du génome. Chez dix patients atteints d’hypercholestérolémie familiale hétérozygote non contrôlés par un traitement à dose maximale et ayant pour la plupart une maladie athéromateuse, une perfusion de ce candidat traitement a été associée à une réduction de 40 à 80 % des taux de LDL-cholestérol, qui se maintenait à six mois. Ainsi, Verve-101 pourrait constituer un traitement définitif de certaines formes d’hypercholestérolémie familiale.
Vers une extension d’indication du sémaglutide ?
Autre innovation, celle de la validation du bénéfice clinique d’une molécule destinée initialement au diabète chez des patients n’ayant pas de diabète, dans l’étude Select. Cet essai thérapeutique contrôlé a été conduit chez de plus de 17 000 patients âgés d’au moins 45 ans, non diabétiques mais ayant un IMC supérieur à 27 et une maladie cardiovasculaire athérothrombotique. Ces participants ont été randomisés pour recevoir soit une injection sous-cutanée hebdomadaire de 2,4 mg de l’analogue du GLP1, soit un placebo.
Résultat, dans le bras interventionnel, une réduction de 20 % des évènements cardiovasculaires majeurs a été enregistrée. Autrement dit, le sémaglutide est efficace en prévention cardiovasculaire secondaire chez les sujets obèses, même en l’absence de diabète. Il s’agit du premier traitement capable d’améliorer significativement le pronostic cardiovasculaire des personnes obèses.
Pression artérielle : nouvelle cible
Outre ces nouveautés, des études apportent des réponses et à des questions plus anciennes.
Faut-il diminuer la pression artérielle systolique en dessous de 120 mmHg chez les patients hypertendus traités ? Alors que trois études avaient déjà suggéré l’utilité clinique d’atteindre des cibles de pression systolique inférieures à 120 mmHg dans le traitement de l’hypertension artérielle, l’essai chinois Esprit va dans le même sens. Selon cette étude, une cible de pression systolique inférieure à 120 mmHg permet de réduire significativement le risque d’évènements cardiovasculaires majeurs, par rapport à une cible inférieure à 140 mmHg.
Enfin, faut-il proposer un traitement anticoagulant après découverte d’une fibrillation atriale infraclinique, enregistrée par un dispositif médical implantable ? Une première étude (Noah-Afnet-6) avait répondu par la négative : le traitement anticoagulant ne réduit pas le risque d’événements emboliques mais augmente celui d’événements hémorragiques. Dans l’essai Artesia, présenté lors de l’AHA et portant sur cette même situation clinique, l’apixaban, comparé à l’aspirine, diminue significativement le risque d’événements emboliques mais augmente aussi significativement le risque d’événements hémorragiques. La synthèse de ces deux études suggère que les anticoagulants ne réduisent ni la moralité cardiovasculaire, ni la mortalité totale dans la fibrillation atriale infraclinique.
D’après un entretien avec le Dr François Dievart (Dunkerque), coprésident du groupe cœur, vaisseaux et métabolisme de la Société française de cardiologie (SFC) et président élu du Collège national des cardiologues français (CNCF).
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?