Chaque année en France, 150 000 hospitalisations pour syndrome coronaire aigu (SCA) sont enregistrées en moyenne. En complément de mesures hygiénodiététiques et thérapeutiques, la réadaptation cardiaque (RC) à l’effort est préconisée après un SCA, quel que soit le type (angor instable, infarctus sans ou avec sus-décalage du segment ST). Elle présente en effet un très haut niveau de preuve dans la réduction de la morbi-mortalité et figure dans les recommandations de nombreux pays et instances, à l’instar de celles de la Société européenne de cardiologie. Il est donc essentiel de proposer et faire accepter cette prise en charge au patient le plus tôt possible après le SCA, dans les semaines qui suivent.
Cependant, l’étude publiée ce Bulletin épidémiologique du 9 avril révèle, à partir des données du PMSI-MCO, que malgré une amélioration des taux d’admission depuis 2009, passant de 15,9 à 22,3 %, la RC est toujours insuffisamment suivie par les Français. La période Covid a notamment accusé une baisse générale des taux d’admission du fait de la désorganisation de la filière (-19,4 % par rapport à 2020). En outre, il est observé une moindre admission pour les personnes âgées, les femmes, les personnes ayant des comorbidités, celles de milieu plutôt défavorisé et les individus venant de certaines régions.
Moins de prescriptions de réadaptation chez les femmes
En 2019, parmi les 30 034 patients admis en RC dans les six mois qui suivaient un SCA, le taux était plus élevé parmi les patients ayant été hospitalisés pour un SCA de type ST + (35,7 %) que parmi les patients hospitalisés pour un SCA de type non ST + (14,9 %). Les auteurs décrivent ensuite, après ajustement, les caractéristiques des patients les moins admis : « le sexe féminin, l’âge supérieur à 65 ans, la défaveur sociale, la région de résidence, en particulier les Hauts-de-France, les Pays de la Loire, et l’Île-de-France ; le fait d’avoir plusieurs comorbidités ou des antécédents cardiovasculaires ». À noter que ceux ayant bénéficié d’une coronarographie et ceux ayant eu une complication aiguë lors du séjour MCO pour SCA étaient plus admis en réadaptation cardiaque.
Les femmes ont 20 % de chance en moins d’être admises en RC, quelles que soient leurs caractéristiques socio-démographiques et médicales. Les auteurs expliquent que « ce résultat, également décrit dans d’autres études, est lié, d’une part, à une moindre prescription de la réadaptation cardiaque aux femmes comme le montrent les résultats des registres populationnels de SCA français, mais également à davantage de barrières psychosociales engendrant plus de refus chez elles (responsabilités familiales, manque de soutien social, faible niveau d’éducation, peur de l’exercice physique…). » Des différences qui s’inscrivent dans un contexte déjà inégalitaire de prise en charge des femmes en matière de santé cardiaque.
Les séjours en RC (tous sexes confondus) étaient réalisés pour plus de la moitié en ambulatoire, plutôt chez les moins de 65 ans, les femmes, les SCA non-ST +, et duraient en moyenne 20 jours. Le délai médian entre la sortie de MCO et l’admission en RC était de 32 jours, et était variable selon la région. Le statut socio-économique, le revenu et l’éducation seraient aussi des facteurs influençant l’admission en RC, dans « toutes les phases du processus d’orientation ».
Les Drom en berne
Enfin, les données de prescription retrouvées dans ce travail sont comparables avec celles du registre Fast-MI qui présente un taux de prescription de réadaptation cardiaque de 44 % chez les patients ayant eu un infarctus du myocarde pris en charge en unité de soins intensifs de cardiologie. Ces taux montrent d’ailleurs que le taux d’admission est inférieur aux prescriptions : certains patients refuseraient donc la réhabilitation. Mais les auteurs nuancent, car « l’absence d’informations sur les motifs de la non-admission […] ne permet pas d’expliquer totalement les raisons des faibles taux de réadaptation cardiaque observés ».
Les auteurs soulignent enfin que les taux de réadaptation cardiaque varient en fonction de la région. Ainsi, ils sont de plus de 30 % en Centre-Val de Loire et Nouvelle-Aquitaine, et de moins de 20 % dans les départements et régions d’outre-mer (3,4 % en Martinique), dans les Hauts-de-France, dans les Pays de la Loire et en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Des disparités que les auteurs interprètent par « le nombre de lits et de places de réadaptation cardiaque disponibles dans chaque région d’une part et l’éloignement géographique des centres de réadaptation cardiaque pour certains patients d’autre part ».
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