Comme l’a souligné le « New England Journal of Medicine » (1), les recommandations en termes de prévention, détection, évaluation et gestion de l'hypertension artérielle (HTA) chez l'adulte, publiées par l'American College of Cardiology (ACC) et l'American Heart Association (AHA) (2) ont été élaborées comme si elles étaient destinées à des randonneurs pour qu’ils restent sur le chemin le plus sûr en terrain difficile.
Elles ont tenté de poursuivre le travail du 7e rapport du Comité national mixte (JNC7) en accentuant les éléments qui avaient été sous-estimés. Les auteurs ont donc conjointement décidé de proposer une nouvelle définition de l'hypertension artérielle.
Outre-Atlantique, toute pression systolique égale ou supérieure à 130 mm Hg et/ou toute pression diastolique égale ou supérieure à 80 mm Hg doit désormais faire poser le diagnostic d'HTA. Selon les auteurs des lignes directrices, cette modification « reflète mieux le risque de complications associé à ces niveaux relativement bas de PA ».
Ces recommandations américaines devraient augmenter de 14 % la prévalence de l'HTA en population générale.
Les « nouveaux hypertendus » et les autres…
Du point de vue du traitement pharmacologique, tous les « nouveaux hypertendus » ne relèvent néanmoins pas systématiquement d'une prescription médicamenteuse dans ces recommandations. Le sous-groupe des « nouveaux hypertendus », qui ont une pression artérielle comprise entre 130/80 et 140/90 mm Hg, va être diagnostiqué HTA de grade 1. Ils ne relèveront d’une prescription médicamenteuse qu’en cas de complication cardiovasculaire ou si leur niveau de risque cardio-vasculaire est élevé.
Les auteurs des recommandations américaines ont choisi d’abaisser le seuil définissant l’HTA afin de mieux prévenir les complications cardiovasculaires.
Le congrès 2 018 de la société européenne de cardiologie (ESC) est revenu sur les récentes recommandations dans l’hypertension artérielle publiées en juin. De leur côté, les spécialistes européens ont augmenté leur niveau d'exigence dans la prise en charge de l'affection, sans pour autant s'aligner totalement sur les États-Unis.
En Europe, le seuil d'HTA reste 140/90 mmHg, contrairement aux recommandations américaines. Mais en Europe, les spécialistes, interventionniste, ont déterminé l'objectif tensionnel, faire baisser la pression artérielle en dessous de 140/90 mmHg. Si le traitement est bien toléré, il faut viser une PA < 130/80 mmHg chez tous les sujets de 18 à 65 ans. Un seuil minimal à ne pas dépasser, 120/70 mmHg, a également été fixé en Europe.
Le choix thérapeutique est par ailleurs davantage offensif, en faisant directement appel à une bithérapie associant inhibiteur de l'enzyme de conversion ou sartan et diurétique ou inhibiteur calcique, en privilégiant si possible les combinaisons en 1 seul comprimé.
Chez les plus de 65 ans, les Européens recommandent une PAS entre 130 et 140 mmHg si le traitement est bien toléré et en tenant compte des comorbidités. Chez les sujets de plus de 80 ans et/ou en mauvais état général, il est licite de tolérer des chiffres peu plus élevés.
L'Europe ne les recommande pas la dénervation rénale et la stimulation sympathique en dehors des essais cliniques. La mesure ambulatoire de la pression artérielle et l'automesure tensionnelle, très pratiquées en France, sont encore encouragées. L'observance, l'éducation thérapeutique et la prise en charge au long cours sont décrites comme des éléments essentiels de la prise en charge.
Enfin, la Société française d’hypertension artérielle travaille à l'élaboration de nouvelles recommandations françaises, qui seront présentées à l’occasion de son congrès annuel.
(1) G. Bakris et al., NEJM, 378(6), 497, 2018
(2) P. K. Whelton et al., J. Am. Coll. Cardiol, 71(19), 2199, 2018
(3) B. Williams et al., Eur. Heart J., 39(33), 3021, 2018
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