Depuis quelques années, les analogues GLP1 suscitent l’engouement. Et pour cause : ces médicaments ont montré leur capacité à réduire la glycémie dans le diabète de type 2, la masse pondérale, et, plus récemment, le risque cardiovasculaire chez les personnes obèses (même en l’absence de diabète). Si bien que les représentants de cette classe pharmacologique se multiplient : exénatide, liraglutide, dulaglutide, tirzépatide, sémaglutide, albiglutide, etc.
Or, ces molécules présentent des différences importantes en termes de pharmacocinétique, dosage, efficacité, etc. En outre, des signaux de sécurité potentiels ont récemment été émis.
En premier lieu, un possible surrisque de suicide, évalué depuis la fin de l’été par l’Agence européenne du médicament (EMA). C’est sur ce type d’effets indésirables potentiels que se penche une étude de cohorte publiée début janvier dans Nature Medicine (1).
Pas plus d’idéations suicidaires avec le sémaglutide ?
Les auteurs ont utilisé les dossiers de santé électroniques du TriNetX Analytics Network, à la recherche d’une association potentielle entre sémaglutide et idéations suicidaires, chez plus de 240 600 patients avec un surpoids ou une obésité s’étant vu prescrire soit du sémaglutide Wegovy (à doses élevées) et plus d’1,5 million de patients diabétiques de type 2 traités soit par sémaglutide Ozempic (à doses plus faibles), soit par d’autres médicaments non inhibiteurs du GLP1.
Ils concluent que le sémaglutide ne semble pas associé à davantage d’idées suicidaires que les autres médicaments anti-obésité et antidiabétiques. Et même, d’après l’étude, « chez les patients avec un surpoids ou une obésité, le sémaglutide – en comparaison aux (autres) médicaments anti-obésité – étaient associés à un plus bas risque d’idées suicidaires incidentes (HR = 0,27) et récurrentes (HR = 0,44) ». Des résultats similaires se dégagent chez les participants diabétiques.
Toutefois, du fait de sa méthodologie, l’étude ne permet pas de conclure à un lien de causalité entre sémaglutide et réduction des idéations suicidaires chez les patients manifestant une obésité ou un diabète de type 2. Reste à savoir si l’évaluation de l’EMA aboutira à des constats similaires.
Profil lipidique et effets indésirables
Une autre méta-analyse, en réseau avec revue systématique de la littérature, parue fin janvier dans le British Medical Journal, évalue et compare l’efficacité des analogues du GLP1 et GLP1/GIP sur le contrôle glycémique, la gestion du poids et le profil lipidique des patients atteints de diabète de type 2, ainsi que leur profil d’effets indésirables (2).
76 essais cliniques – contrôlés, randomisés, contre placebo – ont été considérés, concernant 15 analogues du GLP1 et GLP1/GIP, menés auprès d’un total de plus de 39 000 individus atteints de diabète de type 2.
Sans surprise, toutes les molécules se sont bien avérées capables de réduire le taux d’HbA1c et les concentrations plasmatiques en glucose à jeun – le tirzépatide se révélant le plus efficace en la matière. Dans le même esprit, ces incrétines confirment bien leur intérêt en matière de gestion du poids – avec une efficacité particulièrement marquée de l’association sémaglutide-cagrilintide puis du tirzépatide.
Pour ce qui est du domaine cardiovasculaire, le sémaglutide montre sa capacité à réduire les concentrations de LDL (de – 0,16 mmol/L) et de cholestérol total (− 0,48 mmol/L).
Concernant le profil de tolérance de ces médicaments, l’étude « appelle à la vigilance » quant aux effets indésirables gastro-intestinaux des analogues du GLP1, la plupart des molécules se révélant associées à des diarrhées, nausées et vomissements. Ces « inquiétudes » vaudraient surtout en cas d’administrations de posologies élevées, donc en particulier dans les indications d’obésité.
(1) William Wang et al. Association of semaglutide with risk of suicidal ideation in a real-world cohort. Nat Med. 2024 Jan;30(1):168-176
(2) Haiqiang Yao et al. Comparative effectiveness of GLP1 receptor agonists on glycaemic control, body weight, and lipid profile for type 2 diabetes: systematic review and network meta-analysis. BMJ. 2024 Jan 29:384:e076410
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