Une équipe de l’Inserm et de Sorbonne Université, en collaboration avec des chercheurs internationaux, apporte de nouveaux éléments quant à l'impact de la pollution de l'air sur l'hypertension artérielle. Dans un travail paru dans « Environmental Research », elle montre qu'un mélange de polluants pourrait entraîner des pics répétés de la pression sanguine.
« Nos résultats plaident en faveur de la prise en compte de la pollution aérienne comme cause de l’hypertension et pour la mise en place de politiques publiques visant à diminuer l’exposition à cette pollution dans la vie de tous les jours et en particulier à réduire celle issue du trafic routier au cœur de nos villes », estime Basile Chaix, directeur de recherche Inserm au sein de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (Inserm/Sorbonne Université), qui a dirigé l'étude.
Des dispositifs de mesure innovants
Les chercheurs ont étudié l'effet au quotidien d'un mélange de polluants sur la pression artérielle de 221 participants de l'étude MobiliSense, conduite auprès des habitants de la métropole du Grand Paris. Dans deux modèles distincts, ils ont pris en compte d'une part les variations des concentrations de polluants dans l’air ambiant et d'autre part les variations des quantités inhalées de ces polluants.
De précédentes études ont déjà montré l'effet de certains composés de la pollution de l'air sur la pression sanguine, mais les mélanges de polluants, et leurs effets cocktail potentiels, ont peu été analysés. C'est pourquoi c'est ici un mélange de cinq polluants qui a été étudié : carbone suie, dioxyde d’azote (NO2), monoxyde d’azote (NO), monoxyde de carbone (CO) et ozone (O3).
Pour cela, chaque participant disposait « d'un appareil portatif de mesure de la pression sanguine ambulatoire (qui se fait tout au long de la journée et des activités de la personne), de deux capteurs portatifs mesurant en continu les concentrations des polluants dans l’air ambiant à proximité de la zone de respiration, d'un traceur GPS pour appréhender les déplacements, ainsi qu'un accéléromètre permettant de mesurer l’activité physique et d’estimer ainsi le débit respiratoire », est-il listé dans un communiqué de l'Inserm. Les mesures ont été faites sur une journée, et la pression sanguine était relevée toutes les 30 minutes.
« Lorsque les concentrations de tous les polluants augmentaient au sein du mélange dans les cinq minutes précédant la mesure de la pression sanguine, une élévation de la pression systolique était observée », est-il décrit. De la même manière, une augmentation de la quantité de polluants inhalés dans les cinq minutes précédant la mesure de la pression sanguine était associée à une augmentation de la pression systolique.
L'ozone et le carbone suie, des contributeurs importants
« Nous avons choisi de prendre en considération des fenêtres d’exposition courtes (5 minutes, 15 minutes, 30 minutes, 1 heure) pour étudier le délai entre l’exposition à la pollution et la réponse de la pression artérielle, précise Basile Chaix. Ici, on observe que l’association est plus faible lorsque l’exposition est observée sur des fenêtres d’exposition supérieures à 5 minutes, ce qui témoigne de l’aspect immédiat de l’élévation de la pression sanguine en réponse à une augmentation des concentrations en polluants aériens dans le mélange étudié. »
Selon lui, « ces augmentations répétées de pression artérielle liées à l’exposition aux polluants de l’air en milieu urbain lors des déplacements pourraient contribuer, mois après mois et année après année, à une élévation chronique de la tension artérielle ».
Les chercheurs ont aussi montré que l’ozone et le carbone suie étaient les polluants qui contribuaient le plus à l'élévation de la pression sanguine.
« Si ces résultats sont vérifiés, ils pourraient être généralisables aux populations d’autres grandes villes européennes présentant des niveaux de pollution similaires à la métropole parisienne », lit-on. L'équipe s'attelle désormais à mieux comprendre les mécanismes en jeu derrière ces observations.
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