LES FEMMES ne sont en rien protégées contre les maladies cardiovasculaires, l’hypertension artérielle en particulier. De plus, l’adoption de certains comportements, associant sédentarité, obésité, stress au travail, précarité et tabagisme, favorise l’apparition de plus en plus précoce de l’hypertension artérielle. Au cours des dix dernières années, c’est chez les femmes trentenaires que la fréquence du surpoids et de l’obésité a le plus augmenté.
5,5 millions de femmes hypertendues en France.
Ainsi, dans l’enquête FLAHS 2011, 23 % des femmes déclarent avoir été traitées pour HTA, soit au total environ 5,5 millions de femmes en France. Une hypertension artérielle a été mise en évidence chez 7 % des femmes lors de la prise de la pilule contraceptive. Il en va de même lors de la grossesse et une femme hypertendue sur 4 déclare avoir eu au moins une complication pendant sa grossesse, contre une femme normotendue sur 6. L’enquête montre également que chez les femmes ménopausées et traitées pour hypertension, 3,7 % d’entre elles prennent un traitement hormonal substitutif de la ménopause.
Chez les femmes qui se déclarent hypertendues, 58,5 % sont traitées et leur hypertension est contrôlée, contre 42 % chez les hommes, selon les données de l’étude Nationale Nutrition Santé 2006-2007.
L’enquête révèle enfin que l’indice de masse corporelle et le tour de taille des patientes hypertendues sont significativement plus élevés que chez les femmes non hypertendues et que, réciproquement, parmi les femmes obèses, plus d’une sur quatre est hypertendue.
Une vigilance particulière.
Au-delà de l’augmentation de la prévalence et des facteurs de risques, l’hypertension artérielle féminine peut survenir à certaines étapes clefs de la vie d’une femme, contraception, grossesse et ménopause.
L’utilisation des contraceptifs oraux est associée à une augmentation de la pression artérielle moyenne de 2 à 8 mmHg, et du risque d’accident vasculaire cérébral et d’infarctus du myocarde, même chez les femmes normotendues. Ainsi, avant toute prescription de pilule, la mesure de la pression artérielle, du taux de cholestérol et l’évaluation de la consommation de tabac s’imposent.
Il est également justifié de contrôler régulièrement la pression artérielle lors des consultations de renouvellement de pilule. L’arrêt de la contraception permet en règle un retour des paramètres tensionnels à la normale en cas d’apparition d’une hypertension chez une femme sous pilule. Un bilan peut toutefois être parfois justifié, en particulier en cas d’absence de normalisation tensionnelle au décours de l’arrêt de la contraception. Il est à noter que la prescription d’une contraception orale reste possible chez une femme hypertendue bien contrôlée, sous couvert d’une surveillance attentive.
L’hypertension traitée ne représente pas une contre-indication à la grossesse, mais quelques précautions sont indispensables, avant, pendant et après la grossesse. Il est préférable de programmer la grossesse dans la mesure du possible, afin de vérifier la compatibilité du traitement et de mettre en œuvre des mesures hygiéno-diététiques. Pendant la grossesse, le plus souvent normale, la surveillance tensionnelle doit être intensifiée afin d’éviter l’éclampsie. Après la grossesse, la réévaluation tensionnelle s’impose. L’hypertension artérielle après la ménopause, enfin, constitue la forme la plus habituelle de la maladie.
Dans tous les cas, la stagnation relative du contrôle tensionnel depuis cinq ans en France justifie l’objectif que se sont donné le Comité français de lutte contre l’hypertension artérielle, la Société française d’hypertension artérielle et la Société française neuro-vasculaire grâce au soutien de la Direction générale de la Santé : 70 % des hypertendus contrôlés en 2015.
* Pôle Cœur Métabolisme, Unité de prévention cardio-vasculaire, hôpital de La Pitié-Salpêtrière, Paris, président de la Société française d’hypertension artérielle
Conflits d’intérêt : le Pr Girerd ne déclare aucun conflit d’intérêt avec le contenu de cet article.
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