FAIRE baisser la tension artérielle n’est pas suffisant. Pour éviter les complications vasculaires liées à l’hypertension artérielle (HTA), il faudrait également veiller à stabiliser les à-coups tensionnels et à modérer les valeurs systoliques maximales, selon des neurologues du John Radcliff Hospital à Oxford. En bousculant l’hypothèse tensionnelle classique, les résultats de l’équipe britannique pourraient ainsi conduire à actualiser les recommandations sur la prise en charge de l’HTA. L’équipe du Pr Peter Rothwell avait déjà observé par le passé que la labilité tensionnelle était élevée dans des cohortes à haut risque d’AVC. Mais restait à vérifier la valeur pronostique. En évaluant différents paramètres tensionnels dans deux populations exposées, l’équipe de Peter Rothwell a constaté que deux éléments, la variabilité et les pics tensionnels, sont prédictifs du risque d’accident vasculaire cérébral (AVC).
En consultation ou en MAPA.
Pour déterminer le risque d’AVC, les neurologues ont analysé les données de deux cohortes, l’une constituée de patients ayant eu précédemment un d’accident ischémique transitoire (AIT), ou cohorte TIA destinée initialement à tester deux dosages d’aspirine en prévention secondaire, la seconde de patients traités pour’hypertension, ou cohorte ASCOT-BPLA (AngloScandinavian Cardiac Outcomes Trial Blood Pressure Lowering Arm). Dans la cohorte TIA, la variabilité tensionnelle, ainsi que les valeurs maximales de PA systolique, se sont révélées fortement prédictives d’AVC, indépendamment du niveau de PA systolique moyenne. De même, dans la cohorte ASCOT-BPLA, la variabilité résiduelle après traitement était prédictive d’AVC et d’accidents coronariens, indépendamment de la PA systolique moyenne, qu’elle ait été mesurée en consultation ou sur 24 heures en enregistrement ambulatoire (MAPA).
Pas d’effet blouse blanche.
L’essai ASCOT-BPLA, étant constitué de patients âgés de 40 à 79 ans, hypertendus et traités, a permis de généraliser les résultats obtenus au sein de la cohorte TIA. L’analyse a permis de plus d’apporter plusieurs éclairages. La variabilité résiduelle était aussi élevée que dans la cohorte TIA, malgré une prise standardisée et une réduction tensionnelle agressive. De plus, la labilité tensionnelle en consultation est apparue prédictive d’AVC mais aussi d’insuffisance cardiaque, d’angor et d’infarctus du myocarde. Autre précision, la variabilité tensionnelle en consultation n’était pas liée à un effet « blouse blanche ». Si les valeurs de ce paramètre augmentaient avec l’âge, le risque d’AVC était plus élevé chez les plus jeunes, probablement en raison de l’absence d’autres facteurs de susceptibilité. Les auteurs concluent qu’en prévention secondaire d’un AVC, il ne faut pas se laisser faussement rassurer par des chiffres tensionnels normaux.
The Lancet, volume 375, 895-905, 13 mars 2010.
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