UN TRAVAIL ORIGINAL, mené chez des patients atteints de négligence visuelle dans les suites d’un AVC, met en valeur toute l’importance de la composante émotionnelle. Il s’agissait pour une équipe hispano-américaine de tester une hypothèse. Écouter une musique agréable et choisie par le sujet pourrait améliorer ce symptôme. Trois patients ont accepté de se prêter au jeu. Ils ont permis à David Soto et coll. de confirmer que si la négligence visuelle est exacerbée par des émotions négatives, elle est améliorée par des sensations agréables.
Il faut se souvenir qu’au cours des lésions corticales par AVC (en général à droite) les patients perdent la conscience des informations visuelles controlatérales (à gauche, donc) : c’est la négligence visuelle. Elle survient dans 60 % des cas environ et s’améliore peu avec le temps. Ce symptôme est attribué à un décalage spatial entre les informations contro- et homolatérales.
Les trois volontaires ont subi une épreuve « clinique », puis une IRM fonctionnelle. Au cours de la première partie, assis devant un écran d’ordinateur, ils visualisaient des formes colorées (carré bleu, triangle vert…) à droite et/ou à gauche de leur champ visuel, des étoiles, des mots à lire à haute voix et, enfin, ils dessinaient des lignes se croisant. Les tests étaient menés alors qu’ils écoutaient des musiques de leur choix, ou pas. L’effet des mélodies était évalué sur la fréquence cardiaque et la réponse galvanique cutanée.
Le charme des musiques favorites.
Les résultats enregistrés étaient toujours meilleurs sous le charme des musiques favorites. Alors qu’ils se détérioraient quand elle était jugée désagréable. Des performances superposables ont été relevées lorsqu’une mise en condition musicale agréable était réalisée avant les tests.
L’IRM fonctionnelle a confirmé les données de la clinique. À l’écoute des mélodies préférées, l’activité en relation avec les réponses émotionnelles était majorée au niveau du cortex orbitofrontal et de la circonvolution cingulaire. Il n’en était rien avec des airs non appréciés. L’amélioration de la prise de conscience de cibles controlésionnelles (à gauche), sous influence de musique agréable, s’accompagnait d’un couplage fonctionnel fort entre les aires de l’émotion, de l’attention (cortex pariétal) et des aires visuelles de l’hémisphère droit.
Les chercheurs ont constaté les caractères très différents des musiques choisies par les participants. Qu’il s’agisse des morceaux aimés ou détestés. Les rythmes, paroles… étaient très divers. Ce point contredit toute argumentation selon laquelle des caractéristiques acoustiques spécifiques sont la clé de l’action positive sur la négligence visuelle.
Chez des sujets sains des constats similaires ont été faits. Un état émotionnel agréable peut modifier l’efficacité d’un processus cognitif sur nombre de tâches (résolution d’un problème, mémorisation…) ou sur l’attention visuelle.
Proceedings of the National Academy of Sciences, doi/10.1073/pnas.0811681106.
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