QUEL POINT COMMUN entre une femme enceinte et un sujet insuffisant cardiaque ? A priori aucun. À ceci près que la relaxine, une hormone ovarienne sécrétée au cours de la grossesse, semble aussi être bénéfique dans l’insuffisance cardiaque, selon une étude internationale. Jusqu’alors, la relaxine était surtout connue pour ses propriétés vasodilatatrices permettant l’adaptation hémodynamique chez la femme gravide. L’équipe menée par le Californien John Teerlink vient de montrer que la molécule administrée pendant quarante-huit heures par voie intraveineuse améliorait aussi la dyspnée chez des patients hospitalisés pour insuffisance cardiaque aiguë (ICA). La durée du séjour était plus courte et la mortalité cardio-vasculaire plus faible.
Dyspnée, mortalité, hospitalisation.
L’essai Pre-RELAX-AHF, randomisé en double aveugle et contrôlé versus placebo, a ainsi inclus 234 patients issus de 54 centres de 8 pays différents. Les sujets inclus présentaient une ICA avec dyspnée, dème pulmonaire radiographique, taux de BNP élevé, insuffisance rénale légère à modérée, et surtout une pression artérielle systolique › 125 mmHg. L’inclusion était très précoce au plus tard dans les seize heures après l’admission, ce qui a permis d’évaluer au plus juste l’effet bénéfique additionnel. Les sujets ont été répartis en deux groupes, soit traitement conventionnel (n = 62), soit traitement conventionnel + relaxine (n = 172). Trois doses de relaxine ont été testées, 10 µg/kg/jour, 30 µg/kg/jour, 100 µg/kg/jour et 250 µg/kg/jour.
La dose optimale s’est révélé être de 30 µg/kg/jour pour 5 des 7 critères retenus, à savoir la dyspnée, la mortalité cardio-vasculaire ou la réadmission à 60 jours, la mortalité cardiovasculaire à 180 jours, la durée d’hospitalisation et la survie en dehors de l’hôpital à 60 jours. Comme ce qui est décrit pour d’autres agents vasoactifs, les chercheurs ont constaté une perte d’efficacité pour des doses élevées. Pour la plus forte d’entre elles, l’émoussement était très net avec même une aggravation de la fonction rénale. En dépit de données antérieures suggérant le contraire, la relaxine n’a étrangement pas montré de bénéfice sur la fonction rénale.
Sujets normo ou hypertendus.
Le fait que seuls des patients normo ou hypertendus aient été inclus a certainement contribué à la mise en évidence de l’efficacité du produit. Comme ces sujets présentent un fort degré de vasoconstriction responsable de l’ICA, ce sont les meilleurs candidats théoriques au traitement. De plus, l’administration très précoce de la relaxine a dû participer également au fait que l’effet constaté était plus marqué qu’auparavant. La dose optimale étant désormais définie, les auteurs travaillent maintenant à monter l’essai de phase III visant à confirmer l’efficacité sur de plus grands effectifs.
The Lancet, édition en ligne du 29 mars 2009.
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