« CONSCIENTE des avantages démontrés de l’automesure tensionnelle à domicile, l’Académie recommande sa plus grande diffusion accompagnée d’une amélioration des pratiques », affirment le Pr Jean-Noël Feissinger, président de la commission des Maladies cardio-vasculaires de l’Académie nationale de médecine, les Drs Nicolas Postel-Vinay et Guillaume Bobrie, de l’Hôpital Européen Georges Pompidou (service de médecine vasculaire et hypertension artérielle). Et à l’appui de leurs recommandations, les auteurs citent une série de bénéfices de l’automesure.
Ainsi, elle « améliore l’exactitude et la précision du niveau tensionnel basal » avec des seuils de normalité inférieurs à ceux de la mesure tensionnelle réalisée en milieu médical : 135/85 mmHg versus 140/90 mmHg. De nombreuses études ont établi que l’atteinte des organes cibles était mieux corrélée au niveau tensionnel à domicile qu’au niveau tensionnel déterminé en milieu médical. « Surtout, les études prospectives de grande amplitude ont montré que la morbi-mortalité cardio-vasculaire était mieux prédite par le niveau tensionnel évalué à domicile que par le niveau tensionnel déterminé en milieu médical », expliquent-ils. L’un de ses intérêts principaux est de dépister l’hypertension de consultation (« effet blouse blanche ») et l’hypertension masquée.
Chez sujets traités par antihypertenseurs, « il semble exister un effet favorable de l’automesure tensionnelle sur l’observance des traitements » avec un taux de contrôle meilleur chez les hypertendus qui la pratiquent que chez ceux qui bénéficient d’un suivi conventionnel. En revanche, les études ne mettent pas en évidence de bénéfice sur l’amélioration du niveau tensionnel.
L’Académie, également consciente qu’au « cours des dernières années, l’équipement en appareils d’automesure, s’est considérablement accru », met en garde contre l’utilisation des appareils de poignet en routine. Elle rappelle que « l’automesure avec un appareil équipé d’un brassard huméral est la méthode la plus fiable » et que les appareils à mémoire, téléchargement ou télétransmission doivent être préférés aux autres, les valeurs rapportées par les patients pouvant être erronées.
Rôle des médecins.
Dans ses recommandations générales, l’Académie souligne qu’il est souhaitable de réaliser un enregistrement d’automesure à domicile « chez tout sujet suspect d’hypertension artérielle avant toute mise en route de traitement médicamenteux antihypertenseur » et ce, afin de confirmer l’HTA. L’indication doit aussi être élargie à tous les sujets traités.
Des recommandations plus spécifiques s’adressent aux professionnels de santé, aux patients et aux fabricants. D’abord aux médecins, qui « sont encouragés à conseiller largement la pratique de l’automesure tensionnelle, notamment pour tous les sujets hypertendus traités », en tenant compte des quelques contre-indications : fibrillation auriculaire, femme enceinte, anxiété excessive, enfant. L’interprétation des résultats est de leur ressort, mais il est recommandé que l’ensemble des professionnels, y compris les médecins du travail, connaissent les valeurs normales : l’analyse se fait sur l’ensemble des mesures, sauf celles du premier jour, et un minimum de 15 mesures consécutives est nécessaire.
C’est également aux médecins, mais aussi aux infirmiers et aux pharmaciens, de « systématiquement s’assurer de la mise en place d’une éducation au geste d’automesure ».
Les patients doivent être éduqués sur le niveau tensionnel à atteindre mais aussi sur quelques règles simples : ne pas changer de traitement eux-mêmes et informer leur médecin traitant de leurs résultats.
Quant aux fabricants, l’Académie rappelle que les modes d’emploi accompagnant les appareils doivent être conformes aux recommandations cliniques établies par les sociétés scientifiques.
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