MÊME SI les résultats de l’étude PAIS (PAracetamol In Stroke) sont ambigus, à la limite de la significativité, ils offrent une possibilité d’améliorer l’évolution dans les suites d’un AVC. Cette amélioration serait favorisée par la prescription de 6 g de paracétamol au cours des vingt-quatre premières heures, au moins, de l’accident.
L’essai PAIS a été mis en place à la suite d’un constat. L’apparition de fièvre dans la première journée qui suit un AVC s’accompagne d’une moins bonne évolution. Multicentrique, randomisé en double aveugle et contrôlé par placebo, il a permis d’enrôler 1 400 patients entre mars 2003 et mai 2008. Tous étaient hospitalisés pour un accident vasculaire cérébral d’origine ischémique ou hémorragique et leur température était comprise entre 36 et 39 °C. Le tirage au sort a permis à 697 d’entre eux de recevoir 6 g de paracétamol, avant la 12e heure et jusqu’au 3e jour ; les 703 autres ont reçu un placebo. L’objectif principal du travail était une amélioration au-delà de celle attendue au 3e mois.
Les résultats bruts ne se montrent guère convaincants. Dans le groupe sous paracétamol, 260 patients (37 %) ont présenté une amélioration au-delà de celle attendue, ils étaient 232 (33 %) sous placebo. L’odd ratio est calculé à 1,20. Une analyse post-hoc (non prévue dans le protocole), ne prenant en compte que les sujets dont la température était comprise entre 37 et 39 °C, fournit de meilleurs résultats avec un odd ratio à 1,43. En ce qui concerne les effets indésirables, ils sont survenus chez 55 patients (8 %) sous paracétamol et 70 (10 %) sous placebo.
Une température entre 37 et 39 °C.
« Bien que l’essai PAIS ne fournisse pas de preuves suffisantes pour proposer la prescription en routine de hautes doses de paracétamol chez des patients atteints d’un AVC aigu, ses résultats sont prometteurs, écrivent Heleen M. den Hertog et coll. Chez les patients ayant une température entre 37 et 39 °C, le traitement par paracétamol a conduit à une augmentation, en valeur absolue, de 9 % du nombre de patients améliorés, soit 1 patient pour 11 traités seulement. Cette observation nécessite confirmation dans le cadre d’une étude indépendante. »
De fait, le travail néerlandais présente quelques faiblesses. Il a tout d’abord été interrompu prématurément à 1 400 enrôlements au lieu des 2 500 prévus, pour manque de bénéfice. Ensuite seulement 70 % des participants ont bénéficié de 3 jours de paracétamol, contre 95 % traités sur 24 heures Ce point inquiète moins les auteurs, pour qui la première journée est la plus importante. Ils rappellent que les études suggèrent une relation entre le pronostic et la fièvre du premier jour. À l’appui du traitement, enfin, il convient de consulter les recommandations qui insistent sur la lutte contre la fièvre chez les patients dont la température 37,5 °C.
Aucune explication n’est fournie pour l’instant pour interpréter ce résultat. Simplement l’équipe y ajoute qu’une analyse post-hoc a constaté le bénéfice du paracétamol dans le groupe qui n’avait pas reçu de thrombolyse. L’altéplase ayant permis une récupération plus importante.
Lancet Neurology, publication en ligne doi : 10.1016/S1474-4422(09)70051-1.
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