Aliments ultratransformés et multimorbidité
L’association entre consommation d’aliments ultratransformés (AUT) et affections cardiovasculaires, cancers ou diabète de type 2 a été précédemment démontrée, quand ils sont étudiés séparément. Une nouvelle étude conduite par une équipe française et publiée dans le Lancet Regional Health Europe (1) a recherché un lien entre AUT et risque de co-occurrence de ces trois types d’affections (maladies cardiovasculaires, diabète de type 2 et cancers).
Dans cet objectif, près de 270 000 individus vivant dans sept pays d’Europe ont été recrutés entre 1992 et 2000, questionnés sur leur alimentation au cours de l’année précédant leur inclusion, et suivis pendant une durée médiane de 11,2 ans. Finalement, près de 5 000 participants ont développé une morbidité. Et un régime riche en AUT s’est bien avéré associé à un surrisque de près de 10 % (HR = 1,09) de polymorbidité par cancer et maladies cardiométaboliques. Etaient surtout concernés les produits animaux et les boissons contenant des sucres ajoutés.
Régime pauvre en fibre, dysbiose et risque cardiovasculaire
Une autre étude française, cette fois publiée dans Cell Reports, a tenté de décrire les mécanismes par lesquels un régime riche en graisses mais pauvre en fibres favorise l’athérosclérose (2). Ce travail a examiné par un modèle animal (souris) l’hypothèse d’une implication du microbiote digestif – et de sa perturbation par une alimentation inappropriée. Finalement, l’administration d’une alimentation riche en graisses et pauvres en fibres s’est bien soldée chez la souris par l’apparition, ou l’aggravation, non seulement de facteurs de risque cardiovasculaires et métaboliques, mais aussi d’une dysbiose digestive. Or, celle-ci s’accompagnait d’une modification de la production de dérivés métaboliques par les bactéries du microbiote digestif et de certains phénomènes pro-inflammatoires (migration de cellules immunitaires de l’intestin aux plaques d’athéromes, notamment), qui pourraient contribuer à la déstabilisation d’éventuelles plaques d’athérome.
HTA : nouvelles données en faveur d’un régime hyposodé
L’efficacité d’un régime sans sel dans le contrôle de la pression artérielle reste débattue. En particulier, l’idée selon laquelle les effets tensionnels de la consommation de sel varieraient de façon importante d’un individu à l’autre a été avancée. Un petit essai américain paru dans le Jama a voulu préciser l’impact de la consommation sur la pression artérielle et s’assurer de sa reproductibilité (3). Pour ce faire, un peu plus de 210 individus de 50 à 75 ans ont été recrutés, soit normotendus (25 %), soit présentant une hypertension contrôlée (20 %), soit hypertendus traités mais non contrôlés (31 %), soit hypertendus non traités (25 %).
Tous ont été soumis à un régime hypersodé (2 200 mg de sodium par jour ajouté à leur régime habituel) puis hyposodé (n’excédant pas 500 mg de sodium par jour), durant une semaine. Résultat : comparé au régime hypersodé, le régime hyposodé s’est bien soldé par une réduction de la pression artérielle moyenne, chez plus de 70 % des participants. Elle atteignait une médiane de 4 mmHg, quelle que soit la tension de départ, le traitement utilisé le cas échéant, et les sous-groupes concernés.
Hypovitamine D et risque cardiovasculaire : pas de causalité ?
Une étude du Lancet Diabetes and Endocrinologys’est penchée sur les potentiels liens entre hypovitaminose D et risque cardiovasculaire et de décès (4). Des liens d’abord suggérés par diverses études épidémiologiques, mais mises en doute par des essais cliniques de supplémentation, n’ayant abouti à aucune amélioration du risque cardiovasculaire. Existe-t-il un effet-dose, avec l’idée que seule une hypovitaminose très marquée pourrait constituer un facteur de risque cardiovasculaire – qu’une supplémentation permettrait de corriger ?
Cette nouvelle étude visait à évaluer l’association entre concentrations sanguines de 25-hydroxyvitamine D (25-OH-D) et risque de maladie coronaire, d’AVC et de décès.
Des analyses observationnelles ont été réalisées à partir de données de 33 études prospectives concernant 500 962 personnes, ainsi que des analyses randomisées mendéliennes à partir de données de quatre études de cohorte européennes. Conclusion : si les analyses observationnelles suggèrent une relation inverse entre syndromes coronariens aigus, AVC et décès, et concentrations plasmatiques basses de 25(OH)D, les analyses mendéliennes ne retrouvent pas d’association entre hypovitaminose génétique et maladies cardiovasculaires ou décès, évoquant une absence de causalité entre hypovitaminose D et risque cardiovasculaire.
L’allergie alimentaire aux produits laitiers associée à un risque cardiovasculaire doublé
Une étude américaine parue dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology retrouve une association significative entre allergies alimentaires – notamment aux produits laitiers ainsi qu’aux arachides ou aux crevettes – et mortalité cardiovasculaire (5). Plus précisément, la production d’IgE causée par ces allergies alimentaires serait corrélée à un surrisque de mortalité cardiovasculaire (multiplié par deux par rapport à la population générale en cas d’allergie aux produits laitiers, par exemple).
(1) Reynalda Cordova, Vivian Viallon et al. Consumption of ultra-processed foods and risk of multimorbidity of cancer and cardiometabolic diseases: a multinational cohort study. The Lancet Regional Health Europe, Volume 35, December 2023, 100771 (2) Ludivine Laurans, Nirmala Mouttoulingam, et al. An obesogenic diet increases atherosclerosis through promoting microbiota dysbiosis-induced gut lymphocyte trafficking into the periphery. Cell Rep. 2023 Nov 28;42(11):113350 (3) Cora E. Lewis, Krista A. Varady, et al. Effect of Dietary Sodium on Blood Pressure : A Crossover Trial. JAMA. 2023 Nov 11:e2323651 (4) Emerging Risk Factors Collaboration/EPIC-CVD/Vitamin D Studies Collaboration. Estimating dose-response relationships for vitamin D with coronary heart disease, stroke, and all-cause mortality: observational and Mendelian randomisation analyses. Lancet Diabetes Endocrinol. 2023 Dec 1:S2213-8587(23)00287-5 (5) Corinne Keet, Emily C. McGowan, IgE to common food allergens is associated with cardiovascular mortality in the National Health and Examination Survey and the Multi-Ethnic Study of Atherosclerosis. J Allergy Clin Immunol. 2023 Nov 2:S0091-6749(23)01251-4
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