L’HTA CONCERNE plus de 10,5 millions de Français, dont beaucoup sont traités. Mais 11 % seulement des plus de 40 ans la considèrent comme un problème sérieux. Pourtant, certaines conséquences peu connues de l’HTA peuvent être graves et irréversibles.
« Les études sur le sujet sont homogènes : elles démontrent une corrélation positive entre le niveau de pression artérielle et le déclin cognitif. Un sujet hypertendu de 50 ans a 4 à 4,5 fois plus de risque de développer une démence ultérieure », affirme haut et fort le Pr Jean-Jacques Mourad, président du CFLHTA. La tension entre 40 et 60 ans conditionne, ainsi, l’état du cerveau à 70 ans et plus.
Mal soignée ou négligée, l’HTA peut provoquer des accidents vasculaires cérébraux, des petites lésions au cerveau (lacunes) aboutissant à terme à une perte progressive de certaines fonctions telles la mémoire ou le raisonnement. Ce sont ces lésions qui favorisent l’apparition de la maladie d’Alzheimer ou d’autres démences. « L’IRM a permis de reconsidérer la physiopathologie de la maladie d’Alzheimer. Et d’observer qu’un patient bien portant qui néglige son hypertension peut présenter des micro-infarctus cérébraux. Au départ, ceux-ci ne touchent pas forcément des zones cruciales du cerveau (celles qui commandant la parole, la vue…). Mais avec le temps, la multiplication de ces petits infarctus aboutit à une détérioration de certaines fonctions cérébrales telles que l’attention ou la mémoire. Aujourd’hui, les spécialistes reconnaissent l’impact des facteurs vasculaires, en particulier l’hypertension artérielle, sur le déclin cognitif. L’hypothèse vasculaire sert, en effet, d’accélérateur aux désordres liés à la maladie d’Alzheimer », souligne le Pr Mourad.
Le rôle protecteur des antihypertenseurs.
Avec le vieillissement de la population et l’allongement de l’espérance de vie, la prévention des démences devient un véritable enjeu de santé publique. Car aujourd’hui, 20 millions de personnes en sont atteintes dans le monde. En 2040, 80 millions en souffriront. D’où l’importance, pour tout hypertendu, de suivre son traitement et de respecter des règles d’hygiène de vie pour maintenir sa tension. « De nombreuses études ont démontré récemment le rôle protecteur des traitements antihypertenseurs sur les fonctions cognitives y compris la maladie d’Alzheimer. Ces traitements présentent le plus haut niveau de preuve d’un effet préventif sur ces maladies qui inquiètent tant », précise le Pr Mourad.
Parmi ces études, SYST-EUR 2, menée sur 2 902 patients pendant quatre ans, a prouvé pour la première fois, en 2001, qu’un traitement antihypertenseur médicamenteux réduit de 55 % les risques de survenue des démences. De son côté, l’étude Hope, réalisée chez 9 297 patients recrutés entre décembre 1993 et juin 1995 et suivis pendant quatre ans et demi, met en évidence une réduction de 41 % du déclin cognitif associé aux AVC chez les sujets traités par un médicament antihypertenseur. « Certains patients hypertendus s’interrogent encore sur l’intérêt de prendre un traitement quotidien contre l’HTA. Les résultats de ces études les éclairent et apportent des arguments de taille en faveur d’une bonne prise en charge de l’HTA », conclut le spécialiste.
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