Une méta-analyse menée par les chercheurs de la Mayo Clinique de Rochester (Minnesota) a permis d'identifier les facteurs de risque associés au risque d'intolérance aux statines. Lors d'une présentation lors du congrès annuel international de cardiologie de Mexico (Cadeci pour Congreso anual de cardiología internacional), le Dr Francisco López-Jiménez, du département de cardiologie de la Mayo Clinic à Rochester (Minnesota), en a détaillé les résultats.
À partir des données de quatre millions de patients, les chercheurs ont déterminé que les facteurs associés à un risque plus élevé d'intolérance aux statines étaient le sexe (les femmes ont 47,9 % de risque supplémentaire), l'obésité (30,6 % de risque en plus), l'hypothyroïdisme (+ 37,6 %), la prise à hautes doses de statines (+ 37,5 %) ou d'inhibiteurs calciques.
Suivent le diabète (+ 26,6 %), la prise d'antiarythmiques et la consommation régulière d'alcool ( +22 %), les maladies chroniques hépatiques (+ 24,3 %) et l'insuffisance rénale chronique (+ 25,2 %). Plus surprenant, les patients qui pratiquent régulièrement de l'exercice sont aussi à risque augmenté d'intolérance aux statines.
En revanche, certains facteurs comme le tabagisme, la pression artérielle élevée ou la durée du traitement ne semblent pas liés à un risque d'intolérance aux statines.
Question de timing
« Une recommandation pratique pour diagnostiquer l'intolérance aux statines est de doser la créatine phosphokinase, rappelle le Dr López-Jiménez. Quand les symptômes commencent cinq ans ou plus après le début du traitement, l'intolérance aux statines est peu probable. Un délai plus vraisemblable se situerait plutôt entre quelques semaines ou entre un et deux mois ». À l'inverse, si les symptômes commencent au moment même où le traitement est débuté, « il ne s'agit certainement pas d'intolérance aux statines », ajoute-t-il.
Il y a beaucoup d'incertitudes autour de la prévalence de l'intolérance aux statines. Une métaanalyse publiée l'année dernière dans le « European Heart Journal », rassemblant les données de 176 études, avait conclu à une prévalence globale de 9,1 %, mais pouvait varier selon les critères de définition.
Elle était de 7 % lorsqu'elle était définie à l'aide des critères de l'Association nationale américaine des lipides (NLA) : arrêt du traitement à la suite d'effets indésirables après avoir tenté au moins deux statines différentes dont au moins une au dosage minimal. Cette définition était celle retenue dans l'étude présentée au Cadeci.
Si l'on suit les critères du panel international d'experts sur les lipides (Ilep pour International Lipid Expert Panel), qui définit l'intolérance aux statines comme une incapacité à tolérer les doses de statines requises pour réduire le risque individuel d'accident cardiovasculaire, le taux d'intolérance aux statines descend à 6,7 %. Enfin, selon les critères fixés par la Société européenne d'athérosclérose (EAS) qui s'appuie sur les symptômes musculosquelettiques, la prévalence n'est plus que de 5,9 %.
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