Des chercheurs de l'hôpital universitaire de Zürich ont découvert que des événements heureux peuvent déclencher des problèmes cardiaques.
Leurs travaux publiés dans « The european Heart journal » portent précisément sur les éléments déclencheurs du syndrome de ballonnisation apicale transitoire du ventricule gauche, dit de « Tako-tsubo ». Celui-ci se caractérise par une soudaine faiblesse des muscles cardiaques, donnant au cœur l'aspect d'un piège à poulpe japonais, auquel il a emprunté son nom.
Mourir de bonheur
Des études ont montré que ce syndrome, découvert en 1990, peut être déclenché par des épisodes de désordres émotionnels comme la rage ou la tristesse. Un événement malheureux provoque chez le patient des douleurs thoraciques et une insuffisance respiratoire (dyspnée) chez les patients, pouvant déclencher des attaques cardiaques. Les femmes ménopausées restent les plus touchées.
Les chercheurs ont analysé les registres de 1 750 patients ayant souffert du syndrome. Pour 485 d'entre eux, le déclencheur était clairement identifié. Mais dans 4 % des cas, il s’agissait de moments de bonheur : un anniversaire, un mariage, une naissance ou la victoire d'une équipe de rugby. Les autres ont dû faire face à des moments difficiles comme un deuil ou un accident.
« Fait intéressant, les patients dont la maladie s'est déclarée après un événement heureux présentent plus souvent un cœur ballonné au milieu du ventricule. Mais on ne peut pas en expliquer la raison pour le moment », précise le Dr Jelena Ghadri, coauteure de l'étude.
Le cœur et le cerveau connectés
Des travaux précédents ont démontré qu'un stress émotionnel engendre une stimulation importante du système sympathique ou une inhibition inappropriée du système parasympathique. Ce qui aurait pour conséquence des arythmies ou le syndrome de Tako-tsubo. Des niveaux élevés de catécholamine ont été détectés chez les malades, ce qui renforce l'hypothèse d'une suractivation de l'axe sympathique.
« On pense que le syndrome de Tako-tsubo est un exemple classique de mécanisme de rétrocontrôle interconnecté entre le cerveau et le cœur. Il impliquerait des stimuli physiologiques et psychologiques », explique le Dr Templin, auteur principal qui a dirigé l'étude.
Il est probable que les événements forts, qu'ils soient heureux ou tristes, suivent le même chemin dans le système nerveux central. Ce qui pourrait amener au syndrome. Les chercheurs suggèrent, qu’après un moment de bonheur, le stimulus doit être plus important pour déclencher la maladie. Ce qui expliquerait pourquoi peu de patients souffrent du syndrome après une trop grande joie.
L'équipe travaille à présent à l'aide d'imagerie à résonance magnétique (IRM) pour analyser les parties du cerveau impliquées dans les émotions. « Des études portant sur l'imagerie cérébrale ont révélé que des zones corticales et subcorticales du cerveau sont associées à différents processus émotionnels », informe le Dr Ghadri. Par exemple, les images montrent une activation des lobes temporaux durant une phase de bonheur ou de tristesse mais pas en cas de colère.
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