De plus en plus de personnes sont éligibles à une greffe de cellules souches hématopoïétiques — indiquée dans diverses hémopathies malignes mais aussi certaines maladies inflammatoires, etc. – et nombre d’entre elles sont âgées, donc souvent à risque de maladies cardiovasculaires. Or, les transplantations de cellules souches sont associées notamment à un risque important de complications cardiovasculaires.
Cependant, peu de sociétés savantes avaient jusqu’à présent émis des recommandations spécifiquement consacrées à la prévention et la gestion du risque cardiovasculaire en cas de transplantation de cellules souches. À l’exception des recommandations de la Société francophone de greffe de moelle et de thérapie cellulaire (SFGM-TC), adoptées il y a un an. C’est aujourd’hui le tour de l’American Heart Association (AHA) de faire le point (1).
Risque d’arythmie et d’insuffisance cardiaque
L’AHA fait d’abord le point sur les données disponibles sur les complications cardiovasculaires liées à la transplantation de cellules souches hématopoïétiques. Tous les moments de la transplantation sont à risque : étape de conditionnement et perfusion de cellules, phase post-greffe immédiate, survie à long terme.
En particulier, pendant la transplantation et dans les 100 jours suivant la greffe, sont susceptibles de survenir un flutter ou fibrillation atriale (taux d’incidence de 2 à 10 %), une insuffisance cardiaque (0,4 à 2,2 %), un infarctus du myocarde (0,2 à 1,6 %).
À longue échéance après la transplantation (au-delà de 100 jours après la greffe), les arythmies restent aussi relativement fréquentes (taux d’incidence de 6 à 10,5 %), et le risque d’insuffisance cardiaque apparaît encore plus élevé (jusqu’à plus de 9 %), de même que le risque d’infarctus du myocarde (1 à 6,5 %).
En population pédiatrique, les complications les plus fréquentes concernent les dysfonctions systoliques ventriculaires gauches et l’effusion péricardique.
Bilan cardiovasculaire prétransplantation
Ainsi, tous les patients ayant reçu une greffe doivent être considérés comme à haut risque cardiovasculaire — au même titre que des patients diabétiques ou manifestant une hypercholestérolémie familiale. Des facteurs prédisposants plus encore à ce type de complications ont été identifiés : âge, comorbidités, mais aussi type de transplantation (allogénique vs autologue), traitements prétransplantation, notamment.
Aussi, tous les patients doivent faire l’objet d’une évaluation cardiovasculaire prétransplantation avec stratification du risque initial. Le score Care BMT-Risk est proposé, il prend notamment en compte l’âge, le type de transplantation, la prescription éventuelle d’un traitement par anthracyclines, la présence éventuelle d’insuffisance cardiaque, de maladie coronaire, etc., le taux de triglycérides, etc.
La présence potentielle d’une « maladie cardiovasculaire à haut risque » doit aussi être investiguée, notamment par divers examens complémentaires (échocardiogramme, test Muga, IRM cardiaque). L’objectif est aussi d’évaluer la réserve cardiaque afin d’y adapter la prise en charge au plus tôt.
Surveillance en péri et post-transplantation
En péritransplantation, la conduite à tenir concerne surtout la surveillance de la volémie — avec, si besoin, administration de diurétiques. Les patients pré-identifiés comme à risque d’hypovolémie, ou comme présentant une dysfonction diastolique, requièrent une surveillance rapprochée.
Le suivi à plus long terme — avec consultation tous les trois mois en post-greffe puis une fois par an — vise à contrôler le plus drastiquement possible tous les facteurs de risque potentiels : tabagisme, diabète, hypertension, hyperlipidémie, etc.
(1) Hayek SS, Zaha VG, Bogle C, et al. The cardiovascular management of patients undergoing hematopoietic stem cell transplantation: from pretransplantation to survivorship: a scientific statement from the American Heart Association. Circulation. 2024 Mar 11
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