L'effet néfaste d'une consommation excessive de sel sur la pression artérielle (PA) ne peut être contrebalancé par des facteurs diététiques, ou bien seulement de manière minime, selon une étude publiée dans « Hypertension ».
Pour parvenir à ce résultat, cette étude INTERMAP (International Study on Macro/Micronutrients and Blood Pressure) s'est appuyée sur les données de 4 680 personnes âgées de 40 à 59 ans provenant de quatre pays (États-Unis, Royaume-Uni, Japon et Chine). Les chercheurs ont évalué la relation quantitative entre PA et taux urinaire de sodium sur 24 heures et entre PA et rapport sodium/potassium. « La consommation de potassium est inversement proportionnelle à celle du sel. Le lien est bien connu depuis longtemps entre rapport sodium/potassium élevé et niveau tensionnel », explique le Pr Xavier Girerd, cardiologue et président de la Fondation de recherche sur l'hypertension artérielle. L'effet potentiel de différents macro- et micronutriments sur ces relations a été étudié.
Chaque participant bénéficiait de quatre visites cliniques, au cours desquelles, en plus des données nutritionnelles, plusieurs informations ont été recueillies (données médicales, consommation d'alcool…) Des analyses urinaires et la mesure des pressions artérielles systolique et diastolique ont été effectuées.
Prendre en compte l'IMC
Une corrélation a été retrouvée entre pression artérielle élevée et consommation élevée en sel. Les différents facteurs alimentaires contrebalancent de façon modeste cette association. Le lien mis en évidence entre PA et sel et entre et PA et rapport sodium/potassium ne prenait pas en compte l'IMC dans les analyses multivariées. En revanche, lorsque ce critère est pris en compte, le lien avec le sodium est moins fort.
« Nos résultats ont des implications pratiques immédiates pour la santé publique : la prévention et le contrôle des effets néfastes du sel et du rapport sodium/potassium sur la PA nécessitent des réductions importantes des niveaux de consommation de sel à l'échelle de la population ; elles ne peuvent être accomplies seulement en substituant d'autres mesures diététiques », indiquent les auteurs.
« La communauté scientifique est dans l'expectative »
Toutefois, le Pr Xavier Girerd apporte un éclairage différent au « Quotidien » : « Le fait que le sel soit associé à des chiffres tensionnels élevés chez les gros consommateurs de sel est connu depuis plusieurs décennies. » Selon lui, l'article de Jeremiah Stamler ne présente « n'apporte pas de nouveautés ». En revanche, cette publication survient, explique-t-il « dans un contexte qui a pris une dimension politique aux États-Unis à la suite de l'étude PURE publiée en 2014 ». Cette étude réalisée sur plus de 100 000 patients « n'a pas remis en question la relation entre le sel et la PA, mais a mis en évidence un aspect plus innovant, qui ne plaît pas à tout le monde : le fait de pas manger assez de sel entraîne plus de maladies. Il existe une courbe en J de la mortalité. Donc l'idée bien ancrée que le sel est mauvais pour la santé est aujourd'hui remise en question même si la communauté scientifique ne nie pas la relation entre le sel et la pression artérielle ».
En revanche, précise le Pr Girerd, il existe une susceptibilité individuelle au sel. « Seulement 40 % de la population ayant déjà une élévation tensionnelle y est sensible. Et manger très salé aurait des conséquences sur la PA uniquement pour 20 % des personnes n'ayant pas d'hypertension. » Alors quels conseils donner ? Le cardiologue reconnaît que la communauté scientifique « est aujourd'hui dans l'expectative » sauf « bien sûr, pour les personnes ayant une insuffisance cardiaque, pour qui manger salé reste une contre-indication ».
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