L'enquête intitulée Esteban (Étude de santé sur l'environnement, la biosurveillance, l'activité physique et la nutrition) qui permet d'évaluer la prévalence et les taux de traitement et de contrôle de l'HTA présente des résultats décevants. En effet, si l'on peut se réjouir que la prévalence n'ait globalement pas augmenté, il est bien regrettable que le taux de patients traités comme celui des patients contrôlés n'ait pas progressé en 10 ans.
Enquête sur un échantillon représentatif des 15-74 ans en France métropolitaine
L'enquête Esteban est basée sur un examen clinique - incluant l'évaluation de la pression artérielle (PA) au cabinet (3 mesures) - des questionnaires de santé et d'alimentation et un croisement de ces données avec celles du SNIIRAM (hospitalisation, prescriptions en antihypertenseur…). Plus de 2 160 adultes représentatifs de la population générale ont été examinés. Les résultats obtenus ont ensuite été comparés à ceux de la dernière enquête ENNS datant de 2006.
Stabilité de la prévalence malgré une hausse chez les femmes
Les résultats mettent en évidence que la prévalence de l'HTA est globalement restée stable ces dix dernières années. On note néanmoins une tendance à l'augmentation chez les plus jeunes (18-24 ans). Au total, 30,6 % des français de 15-74 ans sont hypertendus, les hommes un peu plus souvent que les femmes (36,5 % vs 25,2 %). Sans surprise, cette prévalence augmente avec l’âge. Comparativement à 2006, on observe par ailleurs une augmentation significative de l'HTA chez les femmes jeunes (18-24 ans) - néanmoins très peu nombreuses dans l'enquête - et la même tendance - non significative- chez les hommes jeunes. On note aussi une tendance à l'augmentation de l'HTA chez les femmes les plus âgées (57-64 ans).
Quant aux autres facteurs de risque cardiovasculaires, en 10 ans, ils ont sensiblement évolué mais de manière contrastée suivant le sexe. Le niveau d'activité physique a progressé chez les hommes quand il a singulièrement régressé chez les femmes. De son côté l'indice de masse corporelle (IMC) a significativement augmenté chez les femmes quand il n'a pas évolué chez les hommes. Le tabagisme a reculé dans les deux sexes.
Toujours autant d'HTA méconnues et d'HTA traitées non contrôlées
La proportion d'HTA diagnostiquées traitées reste stable avec 50 % d'HTA diagnostiquées traitées. Un hypertendu sur deux s'ignore donc toujours en 2016. Une différence entre les sexes persiste. On est à 62 % d'HTA traitées chez les femmes contre 54 % chez les hommes.
De son côté le taux d'HTA traitées contrôlées n'a lui non plus pas évolué. À peine plus de la moitié des hypertendus traités sont contrôlés (55 %). On a, à nouveau, une nette différence entre les sexes. Parmi les femmes sous traitement 67 % sont contrôlées contre 45 % des hommes. Plus intrigant, la proportion de femmes hypertendues âgées sous antihypertenseur a diminué de manière singulière en 10 ans (60 % en 2016 vs 71 % en 2006 ; p = 0,008).
Perspectives
Contrairement à la diminution observée dans la plupart des autres pays, la prévalence de l’HTA est restée stable en France, moins d’un sur deux est sous antihypertenseur. Parmi les hypertendus traités, à peine la moitié est contrôlée. En outre chez les femmes, la prise en charge thérapeutique s’est même dégradée.
« Il est donc primordial de poursuivre les efforts de prévention en matière d’activité physique et de nutrition, principaux déterminants de l’HTA. Mais aussi d’identifier les causes de la diminution de la proportion de femmes hypertendues traitées », commentent les auteurs.
(1) Perrine AL et a. L’hypertension artérielle en France: prévalence, traitement et contrôle en 2015 et évolutions depuis 2006. BEH 2018;10:170-80
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