COMME JA Staessen et coll. l’avaient montré dans l’étude THOP, le traitement antihypertenseur peut être adapté par le médecin en se fondant sur les chiffres tensionnels relevés par le patient lui-même, dans le cadre de l’automesure (1).
Les conséquences tensionnelles de l’automesure ont été précisées dans une méta-analyse réalisée par J. Ishikawa et coll. (2). Ces auteurs ont ainsi effectué une revue systématique de 30 articles publiés avant mars 2008 dans lesquels au total 6 794 patients ont été inclus. Cette méta-analyse a montré qu’en cas d’automesure, la pression artérielle est environ 20 % plus basse qu’en cas de contrôle par mesures casuelles, au cabinet du médecin, l’abaissement tensionnel constaté étant plus important la nuit que le jour.
Mais dans la prise en charge de la maladie hypertensive, les ajustements thérapeutiques, fondés sur les résultats de l’automesure, pourraient être assurés par le patient lui-même (3). L’auto-adaptation thérapeutique est unanimement acceptée dans le cas de l’asthme, du diabète et du traitement anticoagulant au long cours, par exemple. De même, elle pourrait être envisageable dans le cas de l’hypertension artérielle en raison de la disponibilité ubiquitaire des appareils d’automesure et des possibilités de transmission à distance des résultats si besoin.
Les données de l’étude TASMINH.
Une telle démarche avait du reste été envisagée et évaluée par une équipe française en 2007. L’étude SETHI, réalisée par G. Bobrie et coll. en avait montré la faisabilité et l’innocuité (4).
Une étude très récente, TASMINH 2 (Telemonitoring and Self-Management of Hypertension Trial), montre que, chez des patients dont l’hypertension est mal contrôlée, l’ajustement du traitement par le patient, fondé sur l’automesure, une télésurveillance en assurant la sécurité, permet un meilleur contrôle de la pression artérielle systolique à 6 et 12 mois, par comparaison avec un groupe d’hypertendus dont le traitement était ajusté par le médecin à la suite d’une visite casuelle (5). Il est utile de noter que cette étude sur l’auto-adaptation a porté sur des hypertendus dont l’âge pouvait atteindre 85 ans. Pour les auteurs de l’étude et pour l’éditorialiste qui la commente, l’étude TASMINH 2 suggère que l’ajustement thérapeutique de la maladie hypertensive par le patient lui-même est faisable, efficace et sûr. Ces données doivent être confirmées par d’autres travaux, comme il se doit, mais ils peuvent être rapprochés d’une autre publication très récente dans laquelle les auteurs ont montré qu’en cas d’adaptation thérapeutique par le médecin, le contrôle tensionnel ne fournit pas nécessairement des renseignements reflétant la pression artérielle réelle du patient (6).
L’effet de l’automesure sur l’observance, enfin, a été évalué par HAW Van Onzenoort et coll. (7). Il est réel mais modéré, la différence constatée entre le groupe automesure et le groupe témoin n’atteignant pas la significativité statistique.
Pr XAVIER GIRERD: pas de conflits déclarés.
Références
(1) Staessen JA, et coll. Antihypertensive treatment based on blood pressure measurement at home or in the physician’s office: a randomized controlled trial. JAMA 2004 ; 291 (8) : 955-64.
(2) Ishikawa J, et coll. Changes in home versus clinic blood pressure with antihypertensive treatments : a meta-analysis. Hypertension 2008 ; 52 (5) : 856-64.
(3) Ogedegbe G. Self-titration for treatment of uncomplicated hypertension. Lancet 2010 ; 376 (9736) : 144-6.
(4) Bobrie G, et coll. Self-measurement and self-titration in hypertension : a pilot telemedicine study. Am J Hypertens 2007 ; 20 (12) : 1314-20.
(5) Mcmanus R, et coll. Telemonitoring and self-management in the control of hypertension (TASMINH2) : a randomised controlled trial. Lancet 2010 ; 376 (9736) : 163-72.
(6) Keenan K, et coll. Long term monitoring in patients receiving treatment to lower blood pressure: analysis of data from placebo controlled randomised controlled trial. BMJ 2009 ; 338 : b1492-b1492.
(7) Van Onzenoort H, et coll. Effect of self-measurement of blood pressure on adherence to treatment in patients with mild-to-moderate hypertension. J Hypertens 2010 ; 28 (3) : 622-7.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?