La Haute Autorité de santé (HAS) publie des recommandations pour améliorer la prise en charge des complications survenant après une chirurgie du plancher pelvien. Les trois objectifs principaux visés sont de « savoir reconnaître et explorer une complication chirurgicale ; proposer une prise en charge adaptée à chaque type de complication ; sécuriser la prise en charge des complications, notamment en précisant les modalités de passage de relais entre les différents professionnels qui vont avoir à intervenir », est-il expliqué.
L’incontinence urinaire et le prolapsus génital peuvent être traités par l’implantation chirurgicale de bandelettes ou d’implants de renforts pelviens. « Au cours de ces dernières années, la chirurgie de l’incontinence urinaire ou du prolapsus, et notamment l’utilisation d’implants de renforts prothétiques, a conduit à la survenue de complications parfois graves chez les femmes opérées », rappelle la HAS dans un communiqué.
Des évolutions réglementaires ont été adoptées. Toutes les mini-bandelettes sous-urétrales à incision unique utilisées jusqu’alors pour le traitement de l’incontinence urinaire d’effort ainsi que les implants par voie basse utilisés pour le traitement du prolapsus ont reçu un avis défavorable et ne peuvent plus être utilisés, sauf dans le cadre d’essais cliniques. « À ce jour, 17 bandelettes classiques et neuf implants par voie haute ont reçu un avis favorable de la HAS et peuvent donc être utilisés », est-il indiqué.
En complément de ces évaluations de dispositifs médicaux, la HAS a également publié en 2021 des recommandations de bonne pratique sur la prise en charge thérapeutique du prolapsus génital de la femme. « Dans certaines situations, la chirurgie avec prothèse reste l’option thérapeutique la plus adaptée et des complications, bien que rares (c’est-à-dire dans moins de 5 % des cas), peuvent survenir dans les suites de ces interventions », lit-on.
Lorsque des complications surviennent, celles-ci sont difficiles à prendre en charge. À la demande du ministère de la Santé et de la Prévention, c'est en partenariat avec plusieurs sociétés savantes* que la HAS a élaboré des recommandations pour mieux reconnaître et prendre en charge les complications.
Relais entre les professionnels de santé
À cet effet, sont listées les principales complications pouvant survenir pendant ou après l’opération, leur taux de survenue, ainsi que les moyens de les éviter et de les prendre en charge. Par exemple pour la chirurgie de l'incontinence urinaire d'effort en postopératoire précoce (<1 mois) les hémorragies, hématomes, troubles de vidange urinaire ; et plus tardivement, dysurie, hyperactivité vésicale ou encore dyspareunies. Pour la chirurgie du prolapsus génital, il peut s'agir en postopératoire précoce d'hématome et de rétention aiguë d'urine ; et plus tardivement de douleurs, de dyspareunies, d'infection, d'exposition prothétique (vaginale, vésicale) ou encore d'hyperactivité vésicale.
Il est rappelé qu'un document de traçabilité doit être systématiquement remis à la patiente après chaque opération. « Celui-ci permet notamment l’identification de l’implant, le lieu et date d’implantation et le nom du chirurgien ayant réalisé la pose, des informations indispensables aux différents professionnels qui auront à intervenir », lit-on.
De plus, il est rappelé que le suivi postopératoire comporte au moins deux consultations obligatoires, la première dans le mois suivant l’opération, la seconde un an après. Ces consultations permettent d’évaluer le retour des patientes sur leur qualité de vie et les éventuels évènements indésirables ressentis. D’autres consultations complémentaires peuvent être réalisées en fonction des signes cliniques ressentis par la patiente.
Prévenir chaque femme de consulter devant tout signe évocateur
L’option chirurgicale dans le traitement de l’incontinence urinaire d’effort ou de prolapsus doit toujours être prise dans le cadre d’une décision médicale partagée avec la patiente. « Cela nécessite donc de transmettre à la patiente des informations relatives aux risques de complications liées à la pose d’une prothèse, aux étapes du suivi postopératoire et aux bénéfices/risques en cas de nécessité d’une réintervention », est-il souligné. Des fiches d'information par type de chirurgie sont proposées.
Les femmes doivent pouvoir être en mesure d'identifier les signes d'alerte afin d'aller consulter. Les signes évocateurs à connaître sont les signes d’infection (fièvre, cicatrice rouge, chaude et surélevée) ; signes sexuels (douleurs durant les rapports sexuels) ; signes urinaires (brûlures urinaires, difficultés importantes pour uriner, envies fréquentes d’uriner) ; les signes digestifs (incontinence ou saignement au niveau anal) ; les douleurs persistantes ou importantes au niveau des cicatrices ou à distance (abdomen, lombaire…).
Ces symptômes, signalés par la patiente et précisés par le médecin traitant, le gynécologue, la sage-femme ou le kinésithérapeute nécessitent de prendre l’avis du chirurgien implanteur et éventuellement d’un chirurgien spécialisé dans la prise en charge de ces complications.
Outre la nécessité de parler à un médecin du moindre signe évocateur de complication, la HAS incite les patientes à « déclarer systématiquement et le plus rapidement possible toutes formes de complications postopératoires via la plateforme dédiée ».
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