SI LE TERME CAUTÈRE date du XIIIe siècle, l’idée de chauffer un fil de platine ou une lame de couteau pour couper les tissus ou les coaguler en faisant varier la température trouve ses premières applications au milieu du XIXe. Tesla et d’Arsonval sont les premiers à tester l’effet des courants de haute fréquence (10 000 Hz et plus sur les tissus). La première utilisation mondiale médicale par d’Arsonval a lieu en 1896 à l’Hôtel-Dieu, rappelle, dans son texte de présentation, J.-F. Minot, responsable des collections médicales du Musée de l’AP-HP.
Au début du XXe siècle, deux utilisations se développent : on fait appel, d’un côté, au courant faible qui réchauffe, pour soigner les rhumatismes, les névralgies, les affections cutanées, etc., et, de l’autre, au courant intense au bout d’une électrode de surface pour détruire les tissus tumoraux.
Le catalogue 1929 de la société Drapier propose par exemple six appareils de diathermie, de la petite à la grande électrocoagulation. Deux appareils de grande puissance ont été conçus par le Pr Bordier, de Lyon. Le Néodiathermique, récemment entré dans les collections du musée de l’AP-HP, permet les applications diathermiques intenses. Spécialiste de la diathermie, Bordier se désolera d’être passé à côté de l’invention du bistouri électrique. Celle-ci revient à un chirurgien américain, G.A. Wyeth, qui s’est aperçu qu’en utilisant un appareil à lampe triode, un contact léger avec une électrode en forme d’aiguille suffisait pour couper les tissus.
Section linéaire.
En France, le bistouri électrique sera introduit pas des chirurgiens comme Maurice Heitz-Boyer, Gernez et Proust. Contrairement au bistouri diathermique, le nouvel effet de coupe n’échauffe pas les tissus, il produit « une section toujours linéaire et aussi rigoureusement étroite que celle du bistouri. »
La technique évolue de l’éclateur à lampe triode au transistor et enfin au microprocesseur. Le bistouri électrique devient partie intégrante du bloc opératoire. Les appareils et leurs accessoires se diversifient pour répondre aux attentes de spécialistes. Le Pr Jean-Louis Ribardière explique dans une vidéo ces évolutions.
L’exposition de la BIUM présente 22 appareils, des pionniers aux contemporains, avec souvent leurs fiches techniques d’origine (PDF à télécharger) et les lieux où ils sont conservés. C’est l’occasion de souligner qu’une dizaine de villes participent à la sauvegarde des appareils médicaux qui ne sont plus utilisés, dans leurs musées (Paris, Rouen, Besançon, Toulouse.) ou leurs conservatoires de patrimoine médical (Marseille, Lille). Sans cette démarche bien réelle de collecte, il n’y aurait pas de telles expositions, même virtuelles.
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