LA PRESSE grand public britannique prend un malin plaisir à mettre en cause, périodiquement, les initiatives du système gouvernemental de santé publique, le NHS. Elle se fait l’écho, ces jours-ci, d’une étude parue, en fait, dans le « Journal of Bone and Joint » britannique en février 2009.
Il y a environ quatre ans, le NHS (dans un souci louable de réduction des délais d’attente de programmation chirurgicale) avait favorisé, en les subventionnant généreusement, l’ouverture d’hôpitaux dédiés à certaines interventions, plus particulièrement en chirurgie orthopédique élective. Faute d’une démographie chirurgicale spécialisée adéquate, ces hôpitaux avaient été « staffés » précipitamment par des chirurgiens « importés » de Suède, du Danemark ou d’Islande. Ces chirurgiens, sur la base de leur parcours national antérieur, furent « certifiés » par le Conseil de l’Ordre Britannique en vue de leur recrutement par ces hôpitaux. La revue des résultats d’un de ces Hôpitaux de la région sud du Pays de Galles (Weston), s’avère pour le moins alarmante sur une intervention assez sensible : la prothèse totale du genou.
Une reprise chirurgicale.
Il apparaît dans cette étude que, sur un peu plus de deux cent cinquante patients opérés par ces équipes spécialisées « d’importation », plus d’un tiers d’entre eux présentaient des résultats fonctionnels suboptimaux. Plus grave encore, 22 % de cet échantillon de patients opérés, avait fini par nécessiter une reprise chirurgicale par nouvelle prothèse totale.
Un tel taux de reprise, même en faisant abstraction des cas d’infection, se révèle dix fois supérieur au taux moyen des reprises rassemblées au sein du registre national prothétique établi au Royaume-Uni il y a quelques années. À la lumière des constatations consternantes de cette étude, le président de la Société de chirurgie orthopédique britannique, le Dr Stephen Cannon, rappelle que la prothèse totale de genou nécessite une indication soigneusement posée par le chirurgien implanteur et un suivi régulier par ce même praticien, tant en postopératoire immédiat qu’à plus long terme. En aucun cas cette intervention ne peut être exécutée par des équipes chirurgicales « volantes ». Dans un souci d’être politiquement correct, ce président, plutôt que de mettre en question la qualification des spécialistes à « diplôme extra-national », conclut que « la chirurgie orthopédique élective majeure a du mal à conserver sa qualité lorsqu’elle voyage… ». Il n’en fallait guère plus à la presse britannique pour dénoncer les pratiques de distribution des soins prônées par le NHS.
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