LES NOUVELLES DISPOSITIONS adoptées en juin 2011 dans le cadre de la révision des lois de bioéthique, vont-elles réellement avoir un impact sur l’activité des greffes rénales en France ? « Il est encore un peu tôt pour le dire mais cette révision a permis deux avancées importantes pour la greffe à partir de donneurs vivants. La première est l’élargissement du cercle de ces donneurs et la seconde est l’autorisation en France des dons croisés », explique le Pr Christophe Legendre.
Jusque-là, les personnes pouvant donner un rein de leur vivant devaient appartenir à l’entourage familial du patient en attente de greffe. Ce don était autorisé pour le père ou la mère du receveur, son conjoint, son frère ou sa sœur, son fils ou sa fille, un des grands-parents, son oncle ou sa tante, son cousin germain ou sa cousine germaine, le conjoint de son père ou de sa mère ou toute personne pouvant justifier d’au moins deux ans de vie commune avec le malade.
En révisant les lois de bioéthique, les parlementaires ont ouvert ce don à « toute personne pouvant apporter la preuve d’un lien affectif étroit et stable depuis au moins deux ans avec le receveur ». Ce qui rend possible le don en provenance d’un ami proche du receveur. « C’est une avancée conséquente, mais surtout sur un plan symbolique. Je ne pense pas que cet élargissement aura un impact majeur sur l’augmentation du nombre de transplantations. Car, en pratique, on constate que les dons en provenance des amis restent peu nombreux. Ce geste reste essentiellement le fait de l’entourage familial proche », souligne le Pr Legendre.
Ce dernier place en revanche davantage d’espoirs dans l’autorisation des dons croisés. « Cette pratique est possible quand au sein d’un couple, le don n’est pas réalisable. On peut alors trouver un autre couple dans la même situation et croiser les dons. Le donneur du couple 1 va donner un rein au receveur du couple 2 tandis que le receveur du couple 1 sera greffé avec le rein du donneur du couple 2 », explique le Pr Legendre. « C’est une nouvelle option très intéressante, qui a permis d’augmenter le nombre de greffes de manière importante dans d’autres pays », précise-t-il, tout en soulignant que la France reste pour l’instant en retrait par rapport à ce qui se passe à l’étranger.
Se mobiliser pour informer.
La révision des lois de bioéthique n’a autorisé, dans notre pays, ces dons croisés que pour deux, voire trois couples. « Aux États-Unis, c’est beaucoup plus large. On voit des "chaînes" de dons réunissant des dizaines de personnes. Cela est possible en raison de l’existence des "bons samaritains" ou donneurs altruistes, c’est-à-dire de personnes autorisées à faire un don du vivant à la communauté, sans rien en retour », indique le Pr Legendre.
Selon lui, il est essentiel que les néphrologues se mobilisent pour mieux faire connaître les opportunités offertes par les dons du vivant. « En France, la communauté médicale a surtout concentré ses actions sur les greffes à partir de donneurs décédés, avec un certain succès. Mais sur les donneurs vivants, on constate encore une certaine inertie. Il faut donc que les néphrologues informent très tôt le patient et ses proches des possibilités existantes en matière du don du vivant. »
D’après un entretien avec le Pr Christophe Legendre, chef du service de transplantation rénale et responsable du pôle des maladies du rein à l’hôpital Necker à Paris.
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