Infections post-opératoires, manque d'antibiotiques, de pansements… Un chirurgien britannique, le Dr Khaled Dawas, qui a récemment passé deux semaines à l'hôpital Al-Aqsa dans le centre de la bande de Gaza, a décrit ce 27 mai une situation « insupportable » et des conditions d'intervention d'un autre âge, à l’occasion d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE), à Bruxelles. Pour ce médecin londonien, les conditions d'exercice de son métier s'apparentent à une « médecine médiévale » ou à « ce qui pouvait se passer en Europe il y a peut-être 300-400 ans ».
Après un premier séjour en janvier pour soulager le personnel de cet hôpital, dans le cadre d'une mission médicale envoyée par les ONG International Rescue Committee (IRC) et Medical Aid for Palestinians (MAP), il y est retourné du 3 au 15 avril. Entre ses deux séjours, il a vu l'hôpital Al-Aqsa débordé par l'afflux continu de blessés dans ce territoire palestinien bombardé par Israël.
« Les médecins et infirmières font de leur mieux (...) Ils voient arriver sans discontinuer des personnes mourantes, des cadavres, aucun être humain ne peut tolérer cela », martèle-t-il.
Manque d’antibiotiques, de pansements, de matériel de stérilisation…
Ce médecin arabophone de 54 ans, de parents palestiniens, décrit des infections post-opératoires généralisées, un manque d'antibiotiques, de pansements, de matériel de stérilisation… « Les instruments à usage unique dont je me sers dans mon hôpital au Royaume-Uni, sont utilisés 10 à 20 fois à Gaza », raconte-t-il.
Beaucoup de malades évitent d'aller à l'hôpital, constate-t-il : « Ils savent que, malheureusement, aller à l'hôpital signifie quasiment une condamnation à mort, en raison des infections des plaies, en raison des conditions de soins », ajoute-t-il.
Le chirurgien attend « de la part de l'UE et de ses États membres un leadership fort pour mettre un terme à la souffrance et à la destruction », a-t-il plaidé devant les ministres des Affaires étrangères des 27.
Il compte retourner à Gaza et exprime son « sentiment de culpabilité d'avoir pu partir ». « Mes collègues qui travaillent là-bas ne peuvent pas le faire. Ils n'ont pas le choix ». « J'espère que quand j'y retournerai la prochaine fois, il y aura un cessez-le-feu, parce qu'assister à tout cela quand vous êtes sur place est insupportable, et c'est encore plus insupportable quand n'y êtes plus », explique-t-il.
La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée par une attaque menée le 7 octobre sur le sol israélien par des commandos du Hamas infiltrés depuis ce territoire palestinien, entraînant la mort de plus de 1 170 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. Ce jour-là, 252 personnes ont été emmenées comme otages dans le territoire palestinien, dont 121 sont toujours retenus à Gaza, y compris 37 qui sont morts, selon l'armée. Les représailles d'Israël, qui dit vouloir anéantir le Hamas, ont fait au moins 36 096 morts dans la bande de Gaza, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas dans le territoire palestinien.
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