C’EST UNE PREMIÈRE mondiale, dont le Dr Guy Kerbrat, chef du service où Victoria est née (hôpital privé de Parly II, Le Chesnay), a fait le récit au « Quotidien ». La mère de Victoria et la donneuse sont des sœurs jumelles toutes deux mosaïques pour le syndrome de Turner. La première porte 25 % de cellules anormales ; elle n’a pas d’ovaires et elle est en aménorrhée primaire. La seconde présente 15 % de cellules anormales ; elle a conçu et donné naissance de façon tout à fait naturelle à deux enfants. La mère de Victoria a d’abord tenté des dons d’ovocytes à l’étranger, sans résultats. Elle s’est alors adressée au Pr Jacques Donnez à Louvain (Belgique), qui avait déjà réalisé des greffes d’ovaires avec succès et qui a accepté de tenter une transplantation entre les deux sœurs (interdite en France).
Enceinte moins de douze moi saprès la transplantation.
Par cœliochirurgie, un fragment d’ovaire prélevé chez la donneuse a été implanté chez sa sœur, sans recourir à la congélation et sans traitement immunosuppresseur. Moins de douze mois après la transplantation, une grossesse est survenue spontanément alors que la patiente était en attente d’une fécondation in vitro. En raison du risque lié à ce type de grossesse et notamment d’une possible dissection aortique, la patiente a été adressée à 20 semaines d’aménorrhée à l’hôpital de Parly II qui regroupe des services de maternité, de chirurgie et de cardiologie. De plus, cette femme n’était porteuse que d’un seul rein et avait présenté en début de grossesse une stéatose hépatique qui s’est amendée ensuite. Aucun traitement hormonal n’a été nécessaire pour assurer le maintien de la grossesse.
Par sécurité, l’accouchement s’est fait par césarienne, avec une équipe de chirurgie cardiaque prête à intervenir si nécessaire. Le Dr Kerbrat raconte son « étonnement de découvrir au cours de l’intervention un greffon sous-péritonisé recouvert d’adhérences » et s’interroge encore sur la façon dont un ovule a pu être expulsé et franchir de tels obstacles avant d’être fécondé. Cette première a été un succès : le caryotype de Victoria a authentifié l’absence de maladie de Turner. L’annonce de la naissance a toutefois été retardée de quelques semaines le temps d’écarter le risque de survenue d’une pathologie valvulaire aortique qui aurait pu nécessiter une intervention.
Une seconde grossesse est envisageable chez cette femme. Un bilan hépatique, rénal et cardiaque sera nécessaire. La mère de Victoria aujourd’hui âgée de plus de 39 ans est décrite par le Dr Kerbrat comme robuste et elle est indemne de dilatation aortique, mais, souligne le gynécologue, il ne faut pas négliger un risque de décès de l’ordre de 2 à 5 %.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?