POUR LES CHIRURGIENS et surtout pour les patients la surprise a été de taille. Après une greffe de visage, la réapparition de la sensibilité cutanée est survenue très rapidement. Et ce, constatent les équipes médicales, même si les nerfs sensitifs n’ont pas été suturés. Un étonnement, écrivent Maria Z. Siemionow et son équipe, qui ont réalisé la première transplantation partielle de visage américaine en 2008, parce que le résultat dépasse celui obtenu en réparation nerveuse traditionnelle. Ils ajoutent qu’il s’agit de la seule situation clinique au cours de laquelle un excellent résultat fonctionnel est obtenu en l’absence de suture des nerfs sensitifs.
Cette constatation est issue de l’analyse rétrospective de quatre patients greffés du visage. Ils ont bénéficié de techniques de réparation nerveuse différentes et il semblait important de les analyser. En pratique un seul des quatre transplantés avait bénéficié d’une suture des nerfs sensitifs. Dans les trois autres cas, elle avait été rendue impossible en raison de difficultés techniques ou de l’état de délabrement sous-jacent.
L’analyse montre que, dès la deuxième semaine, les patients déclaraient avoir des sensations cutanées. À la fin de la première année tous estimaient avoir retrouvé une sensibilité normale ou proche du normal. L’ampleur de la récupération se calque sur celle obtenue après une suture de nerfs sensitifs du visage. Elle apparaît supérieure à celle apportée par la greffe, sur le visage, d’un tissu extra-facial sans reconnexion nerveuse.
L’énorme densité nerveuse.
Les Américains avancent une hypothèse pour expliquer comment les nerfs ont pu se régénérer en franchissant la barrière entre le greffon et les tissus propres du patient. Il faut y voir, pour eux, le rôle de l’énorme densité nerveuse au niveau de la face. Elle permet une récupération plus aisée qu’ailleurs sur le corps. Ils ajoutent que certains traitements peuvent être également impliqués. Notamment certains immunosuppresseurs jouent un rôle dans la réhabilitation sensitive, il en va de même pour la rééducation sensorielle. À l’inverse, les cicatrices créent, bien sûr, un obstacle.
Un regret, pourtant, l’absence de recueil systématique de données sur la sensibilité cutanée. Elle empêche pour l’instant de tirer des conclusions fermes. Une technique d’évaluation à la fois objective et simple sera nécessaire auprès des prochains patients à des fins de comparaison.
Plastic and Reconstructive Surgery, mai 2011.
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