Lors de leur première journée sur le management du risque au bloc opératoire, les infirmières spécialisées de l’UNAIBODE ont dévoilé les résultats d’une vaste étude européenne sur la mortalité chirurgicale, menée dans 28 pays, 500 hôpitaux et auprès de plus de 46 500 patients.
Publié dans « The Lancet » en décembre 2012, ce panorama du risque médical repose sur des données prélevées auprès de toute personne de plus de 16 ans ayant subi une opération chirurgicale entre le 4 et le 11 avril 2011. Excluant la chirurgie ambulatoire, cardiaque, la neurochirurgie et la radiologie interventionnelle de son champ d’analyse, l’enquête se focalise sur la mortalité à 60 jours, la durée d’hospitalisation et de séjour en réanimation.
Trois fois la mortalité finlandaise
Sur les 46 539 patients de cette cohorte européenne, 4 % (1 855) sont décédés à l’hôpital avant leur sortie. Parmi eux, trois sur quatre (73 %) n’ont pas été transférés en réanimation. Avec un taux de mortalité de 0,44 %, la Finlande fait figure de bonne élève. La Pologne, elle, arrive en bas du tableau (6,92 %). Et la France ? 73 des 2 278 Français hospitalisés à l’instant « T » sont décédés dans l’établissement. Ajustée, cette donnée place l’Hexagone à la 14e place, avec un taux de mortalité de 1,36 %. « Il existe donc un vrai risque de mortalité en France, sans doute lié à notre récente posture qui est d’accepter des cas toujours plus difficiles, âgés et complexes », s’inquiète le Pr René Amalberti, spécialiste de la gestion du risque (pour le Sou médical-MACSF et la Haute autorité de santé). Le médecin dénonce un « manque de cohérence » entre le risque pris par les professionnels et les moyens mis en œuvre pour ce faire, bien maigres (même si le nombre de vies sauvées augmente effectivement). Modifier l’organisation de la prise en charge postopératoire en augmentant le nombre de lits en réanimation permettrait d’améliorer la donne. « Les chiffres démontrent aussi que le risque de mortalité augmente à J2 et J3. Il faudrait donc arrêter d’opérer le jeudi et le vendredi, c’est-à-dire avant le week-end, où les personnels sont largement réduits », ajoute-t-il. Les bons résultats finlandais s’expliquent par une politique de chirurgie préventive (une prothèse de hanche y sera programmée de long mois en avance) que la France ne possède pas.
IBODE insuffisants
Pour la présidente de l’UNAIBODE Brigitte Ludwig, le risque est en partie lié à la formation des infirmiers de bloc, facultative. Seuls 35 % des infirmiers (soit 9 000 professionnels) exerçant dans les 3 000 blocs opératoires français ont suivi les 18 mois de formation IBODE après l’obtention de leur diplôme d’état. Insuffisant.
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