QUATRE MILLE personnes sont attendues au 84ème congrès annuel de la Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (SOFCOT), du 9 au 13 novembre, au Palais des congrès à Paris. Au menu cette année, outre les habituelles communications scientifiques, une toile de fond inquiétante pour les spécialistes. Par qui serons-nous opérés demain ? La question reste d’actualité malgré la relance du numerus clausus. Les jeunes, rebutés à l’idée de travailler 75 heures par semaine comme leurs aînés, se détournent de la chirurgie orthopédique. Soixante-quinze chirurgiens orthopédiques sont formés chaque année, le tiers des besoins.
Le stress au travail fait également office d’épouvantail, comme le souligne un audit piloté par l’agence Maïaction à l’hôpital Lariboisière (AP-HP). De cette étude, commandée pour expliquer les plaintes, nombreuses, des patients en traumatologie, il ressort que les médecins, plus que le reste du personnel, ont un sentiment d’isolement, de lutte perpétuelle, menant à l’épuisement physique et psychique. Des actions correctives seront bientôt déployées au sein du service de chirurgie orthopédique de Lariboisière. Qui seront étendues si elles font leurs preuves.
La gestion des risques est une réponse au stress, et un facteur clé pour restaurer l’attractivité de la spécialité. Depuis un an et demi, les chirurgiens orthopédiques engagés dans la démarche d’accréditation déclarent les événements porteurs de risques (détectés à temps, avant la survenue d’une erreur). Sur 389 déclarations analysées, 183 sont en rapport avec un matériel absent ou défaillant, 77 concernent le non-respect du protocole d’antibioprophylaxie, et 52 sont liées à une erreur de côté ou de personne. Autant de facteurs de risque qui devraient pratiquement disparaître avec la généralisation de la « check list » chirurgicale, obligatoire en France à partir du 1er janvier 2010. Certains chirurgiens orthopédiques l’expérimentent depuis le 1er septembre 2009. C’est le cas du Dr Jacques Caton, à la clinique lyonnaise Emilie de Vialar. Il raconte : « Avant chaque opération, je prends une minute pour le « time out » (le temps de pause). Je pose des questions à haute voix. L’infirmière, l’anesthésiste, l’instrumentiste me répondent. Nous sommes tous en tenue, le patient est endormi, le champ opératoire est posé. C’est l’étape ultime avant d’inciser, la minute salvatrice. On vérifie l’identité, le côté et l’organe à opérer, le matériel en place, le dossier complet, l’antibioprophylaxie. C’est très bien accepté par les infirmières et les aides opératoires que cela sécurise. Certains médecins en revanche ne veulent pas faire ce « time out ». Ils ont l’impression d’être ridicules. Ce n’est pas évident de changer les habitudes, mais c’est indispensable ». Une intervention sera consacrée à cette check list le 13 novembre au congrès de la SOFCOT. Et une journée de retour d’expérience sera organisée le 11 décembre à Paris par la Haute autorité de santé (HAS).
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