Le Quotidien: Qu’est ce qu’une marge chirurgicale positive ?
Dr Christian Barré: La marge positive se définit par la présence du cancer sur la bordure de la pièce opératoire. Plus le chirurgien va s’approcher de la prostate pour préserver la sexualité et plus le risque de marge sera élevé. Une marge peut survenir dans les stades localisés pT2 lorsque le chirurgien a incisé malencontreusement la capsule prostatique sans s’en rendre compte, ou par extension de la maladie lorsque celle-ci a dépassé la capsule dans les stades pT3 . En présence d’une marge positive la survie sans récidive biologique à 3 ans est diminuée de 20% à 30% selon les séries. Le taux de marges positives représente donc actuellement le premier critère d’évaluation de la qualité de la prostatectomie radicale, avant les résultats fonctionnels.
Vous développez une technique à ciel ouvert à l’heure de la prostatectomie coelioscopique robot-assistée , pourquoi?
L’immense intérêt de la voie ouverte est de pouvoir adapter l’exposition opératoire à chaque étape de l’opération augmentant ainsi la précision de la dissection. Si on compare les taux de marges positives publiés par les équipes françaises dans la littérature internationale, la voie ouverte prend le pas sur la coelioscopie. Il faut savoir que la prostatectomie coelioscopique est née en France en 1998 et en 2008 près de 70% des urologues ne sont toujours pas convaincus de son intérêt technique. Pourtant les medias la présentent systématiquement comme la modernité et dans le dernier classement des hôpitaux et cliniques du Nouvel Observateur, les journalistes considèrent que désormais le traitement chirurgical de choix du cancer de la prostate est la prostatectomie coelioscopique, robot assistée ou non. Autrement dit 70% des urologues français ne choisissent pas la bonne technique chirurgicale pour traiter leurs patients ! De telles affirmations, totalement dénuées de fondement scientifique, sont délétères car elles trompent les patients. Conseillons à ces journalistes de suivre l’actualité, ils observeront que dans tous les congrès nationaux et internationaux sont organisés plusieurs fois par an des débats entre les leaders de chaque technique, démontrant bien l’absence de consensus.
(1) Menon M, Shrivastava A, Kaul S, Badani KK, Fumo M, Bhandari M and Peabody JO: Vattikuti Institute prostatectomy: contemporary technique and analysis of results. Eur Urol. 51: 648-57; discussion 657-8,
(2) Guillonneau B, El-Fettouh H, Baumert H, Cathelineau X, Doublet JD, Fromont G, et al. Laparoscopique radical prostatectomy?: oncological évaluation after 1000 cases at the Montsouris Institute. J Urol 2003 ; 169 : 126-6.
(3) Ruiz L, Salomon L, Hoznek A, Vordos D, Yiou R, De la Taille A, et al. Comparaison of early oncologic results of laparoscopic radical prostatectomy by extraperitoneal versus transperitoneal approach. Eur Urol 2004 ; 44 : 50-6.
(4) Rozet F, Galiano M, Cathelineau X, Barret E, Cathala N and Vallancien G: Extraperitoneal laparoscopic radical prostatectomy: a prospective evaluation of 600 cases. J Urol. 174: 908-11, 2005.
(5) Curto F, Benijts J, Pansadoro A, Barmoshe S, Hoepffner JL, Mugnier C, Piechaud T and Gaston R: Nerve sparing laparoscopic radical prostatectomy: our technique. Eur Urol. 49: 344-52, 2006.
(6) Barré C: Open radical retropubic prostatectomy. Eur Urol. 52: 71-80, 2007.
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