La chirurgie bariatrique s'adresse aux personnes majeures dont l'indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 40, ou supérieur à 35 et présentant au moins une autre maladie susceptible d'être améliorée par la chirurgie : diabète de type 2, hypertension artérielle, SAS, troubles respiratoires sévères.
Par ailleurs, ce type d'intervention est indiqué en cas d'obésité après échec d'un traitement médical, nutritionnel, diététique et psychothérapeutique (bien conduit pendant 6 à 12 mois)*, c'est-à-dire en l'absence de perte de poids suffisante ou en l'absence de maintien de la perte de poids. « La sélection des patients candidats à la chirurgie bariatrique est essentielle. Le patient qui répond aux critères de ce type d'intervention doit être informé de ses conséquences sur le plan physique et psychologique : l'opération ne représente que 30 à 40 % du travail en vue d'un amaigrissement durable. Pour maigrir, de façon pérenne, le suivi psycho-diététique est essentiel, pendant au moins 5 ans », souligne le Dr Faredj Cherikh, psychiatre au CHU de Nice. Le suivi postopératoire effectué par un diététicien ou un médecin nutritionniste doit permettre au patient de modifier son comportement alimentaire et son hygiène de vie pour éviter une reprise de poids liée à de mauvaises habitudes alimentaires ou à la sédentarité, notamment. Ce suivi contribue à assurer l'éducation thérapeutique du patient. La combinaison d'un suivi individuel et collectif sur le long terme est bénéfique. Des séances d'éducation diététique de groupe, par exemple, peuvent être effectuées dans certains établissements avec des thématiques variées telles que l'équilibre alimentaire au quotidien, le décryptage des étiquettes alimentaires, l'enrichissement de l'alimentation en protéines, la gestion des invitations.
Informer et repérer les fragilités
Le suivi psychologique, quant à lui, est important : l'amaigrissement peut fragiliser le patient. « Il faut accompagner les changements corporels dus à la perte de poids rapide (plus de 30 kg, 3 mois après l'intervention et plus de 40 kg, après 6 mois) », note le Dr Cherikh. Car si la chirurgie bariatrique contribue à améliorer l'estime de soi et à diminuer les symptômes dépressifs, elle peut produire l'effet inverse. « Certains patients peuvent, en effet, se sentir mal dans un corps qu'ils ne reconnaissent plus. Ils peuvent avoir le sentiment d'avoir perdu une part de leur identité. Ils se rendent compte qu'ils se sentaient protégés par leur masse corporelle : l'amaigrissement est alors perçu comme la perte de l'enveloppe protectrice menant à une certaine vulnérabilité psychique », précise le Dr Cherikh. Si le suivi psychologique peut suffire, le psychiatre doit accompagner le patient lorsqu'un trouble psychiatrique a été décelé avant ou après l'opération. « Avant l'intervention, je vérifie que les patients ont reçu et intégré toutes les informations concernant la chirurgie bariatrique et son suivi. Je repère également certaines pathologies (dépression, troubles du comportement alimentaire…) ainsi que les conduites addictives, notamment alimentaires (boulimie nerveuse, anorexie mentale). En effet, les troubles psychiatriques non stabilisés constituent une contre-indication à l'intervention. Il faut prendre le temps de les traiter avant d'opérer. Ce n'est que lorsque les troubles sont stabilisés que les patients peuvent être candidats à la chirurgie bariatrique, sous réserve d'être suivis par un psychiatre après l'intervention », conclut le Dr Cherikh.
*Obésité : prise en charge chirurgicale chez l'adulte, Haute Autorité de santé, Recommandations de janvier 2009
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