DE NOTRE CORRESPONDANTE
La greffe de cellules souches hématopoïétiques d’un donneur peut être un traitement salvateur pour de nombreux patients atteints de cancers hématologiques.
70 % des patients n’ont pas de donneur HLA-compatible au sein de leur famille et requièrent un donneur non apparenté.
À l’origine, la seule source des cellules souches pour la greffe était la moelle osseuse. Toutefois, après la découverte que des facteurs de croissance peuvent mobiliser de grandes quantités de cellules souches dans le sang périphérique, des études randomisées ont montré que pour la greffe de fratrie HLA-identique, les cellules souches périphériques, comparées a la MO, accélèrent la prise de greffe, tendent a augmenter le risque de réaction du greffon contre l’hôte (RGH) et améliorent la survie globale (notamment chez les patients ayant un cancer a haut risque).
Devant ces résultats, les cellules souches périphériques sont devenues la norme, et ceci également pour les greffes de donneur non apparenté (ou elles représentent 75% des greffes) malgré l’absence d’essais randomisés.
Anasetti (Tampa, Floride) et coll. publient maintenant dans le NEJM le premier essai randomisé comparant la moelle osseuse au sang périphérique pour la greffe de donneur non apparenté.
Dans cet essai de phase 3 multicentrique, 551 patients atteints de cancers hématologiques (âgés de moins de 66 ans) ont été randomisés a recevoir une greffe de cellules souches périphériques ou une greffe de moelle osseuse. Les patients survivants ont été suivis en moyenne pendant 3 ans.
Les résultats montrent une survie a 2 ans non significativement différente entre le groupe greffé avec des cellules souches du sang périphérique (survie de 51%) et celui greffé avec la MO (46%).
Toutefois, les cellules souches du sang périphérique sont associées a une prise de greffe plus rapide et un risque réduit d’échec de greffe (3% d’échec, contre 9% dans le groupe MO).
Mais cet avantage est contrebalancé par un risque accru de réaction du greffon contre l’hôte (RGH) chronique (53%, contre 41% dans le groupe MO).
Par ailleurs, il n’y a pas de différence significative dans le risque de RGH aiguë et dans le risque de rechute entre les 2 groupes.
"Ces données devraient changer la pratique actuelle", estime dans un éditorial associé le Dr Frederick Appelbaum (Fred Hutchinson Cancer Research Center, Seattle).
Il recommande de n’utiliser les cellules souches périphériques mobilisées que pour une minorité: les patients ayant besoin d’une prise de greffe rapide (pour une infection potentiellement fatale par exemple) et les patients à haut risque de rejet de greffe (avec un conditionnement peu intensif sans chimiothérapie préalable par exemple).
Un processus invasif.
"La greffe de MO devrait être utilisée pour la majorité des greffes de donneur non apparenté réalisées chez des patients préparés avec un conditionnement standard à dose élevée, ", dit-il, en raison de la survie équivalente et du risque plus faible de RGH chronique, qui peut être une complication débilitante ".
Il reste que recueillir les cellules souches de la MO est un processus plus invasif que de les prélever par aphérèse à partir de la circulation sanguine.
"Cette étude devrait changer la pratique clinique, il sera intéressant de voir si c’est le cas", ajoute le Dr Appelbaum. "Les bénéfices du sang périphérique sont observés précocement, sous les yeux attentionnés du médecin chargé de la transplantation, tandis que les effets délétères surviennent tardivement, souvent après que le patient ait quitté le centre de transplantation".
Anasetti et coll., New England Journal of Medicine du 17 octobre 2012,
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