MÂCHÉES DANS un but récréatif notamment dans l’est africain et la péninsule arabe, les feuilles de khat (Catha edulis) contiennent des alcaloïdes, la cathine et la cathinone, qui ont des propriétés amphétamine-like et produisent toute une variété d’effets plaisants. On connaît bien ses effets délétères sur le plan personnel et social. Des maladies psychiatriques et cardio-vasculaires ont déjà été décrites. Dans une lettre au « New England Journal of Medicine », des Britanniques rapportent les observations (sur cinq années) de six patients chez qui l’usage de khat a été associé au décès ou à une greffe de foie.
Cinq de ces six patients avaient des antécédents d’hépatite inexpliquée alors qu’ils vivaient au Royaume-Uni ; tous mâchaient du khat et avaient été avertis contre cet usage. Toutefois, tous avaient recommencé à en consommer avant le nouvel épisode.
Tous avaient les mêmes caractéristiques histopathologiques caractérisées par une nécrose multilobulaire ; deux avaient des signes d’atteinte hépatique chronique. Cinq ont dû avoir une transplantation hépatique (ce qui représente 10 % des patients greffés dans cette unité pour une hépatite fulminante ou subfulminante sur cette période de cinq ans). Un patient non greffé est décédé ; un autre est décédé vingt-quatre heures après la greffe.
« Un certain nombre de facteurs indique que l’ingestion de khat est la cause de l’atteinte hépatique chez ces patients : aucune autre cause n’a été retrouvée ; la ré-exposition au khat a entraîné de nouvelles lésions ; une forte quantité de cathinone a été découverte dans un prélèvement hépatique chez un patient ; l’hépatotoxicité du khat a été montrée chez l’animal ; les modifications anatomopathologiques hépatiques ressemblent à celles induites chez l’homme par l’ingestion d’ecstasy, autre composé amphétamine-like. Des signes de maladie hépatique chronique chez deux patients suggèrent que l’usage à long terme de khat peut-être associé à des épisodes répétés d’hépatite infraclinique, avec évolution vers la chronicité au fil du temps. »
Le mécanisme de l’hépatotoxicité du khat est inconnu, indiquent les auteurs. On n’a pas découvert de phénomène immunoallergique ou auto-immun. La forte concentration de cathinone qui a été découverte dans le foie d’un patient trois semaines après la dernière consommation de khat suggère que l’accumulation peut être un élément important. Il est peu vraisemblable, souligne les auteurs, que l’attente hépatique soit liée à des contaminants comme des herbicides, des pesticides, des métaux lourds ou des mycoses toxiques.
Micael Chapman et coll. New England Journal of Medicine du 28 avril 2010, pp. 1642-43.
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