Les immunosuppresseurs sont assortis de nombre d’effets secondaires sérieux, et, par ailleurs, ils ne préviennent pas le rejet chronique, une cause majeure de perte du greffon. Dans des modèles précliniques, un chimérisme hématopoïétique a été associé à une tolérance des organes transplantés, sans maladie du greffon contre l’hôte (GVHD).
Joseph Leventhal et coll. publient l’utilisation de l’approche chez 8 receveurs d’un greffon rénal à partir de donneurs non compatibles, soit apparentés (5 loci HLA sur 6), soit non apparentés (un locus sur 6), dans le cadre d’une étude de phase 2 destinée à tester l’hypothèse.
On a prélevé par aphérèse des cellules souches périphériques du donneur, après une mobilisation par GCSF. Le produit cellulaire a été traité pour enlever les cellules productrices de GVHD et les cellules APC (présentatrices d’antigène). Il a été par ailleurs enrichi par des cellules souches hématopoïétiques du receveur et des cellules facilitatrices de la greffe (FCs).
Les receveurs ont reçu un protocole non myéloablatif. Quinze jours plus tard, ils ont eu leur greffe rénale et le mélange des cellules souches.
Les résultats montrent chez 5 des 8 patients un maintien à long terme de la fonction rénale et une possibilité de stopper les immunosuppresseurs. L’ensemble des patients était, au moment de la rédaction de la publication, « sans immunosuppresseurs pendant des périodes allant de six à vingt mois ». L’induction des phénomènes de GVHD est évitée.
Sur le plan biologique, les auteurs notent que ce traitement a induit « un haut niveau de chimérisme ».
L’exemple d’un des patients, qui était compatible pour un seul locus HLA avec son donneur et dont le succès a été complet à la fin de l’étude est éloquent. C’est un homme de 43 ans, en insuffisance rénale terminale due à une polykystose rénale. Le chimérisme cellulaire dans le sang atteint 63 % à 100 % à un mois et 100 % à six mois, sans manifestation de syndrome de GVHD. Et le chimérisme était toujours au même taux un an après le retrait de l’immunosuppression. Les anticorps anti-donneur sont demeurés négatifs tout au long de l’observation, jusqu’à deux ans après la greffe. Les biopsies protocolaires à six et douze mois étaient histologiquement normales. Il a éprouvé un zona d’un dermatome, qui s’est guéri sans récidive. Au 32e mois après la transplantation, la fonction rénale était toujours stable.
Le principe du chimérisme hématopoïétique avec préparation non myéloablative du receveur, représente une bonne approche pour induire une tolérance greffon/hôte dans le cas des combinaisons receveur donneur non compatibles, soulignent Joseph Leventhal et coll. Donc une option à travailler pour les cas où les donneurs compatibles manquent. « Cette approche pourrait être utilisable non seulement chez les receveurs d’organes solides ou de cellules, mais elle pourrait aussi avoir des applications dans la transplantation de cellules souches hématopoïétiques en général, notamment dans des hémoglobinopathies, des maladies métaboliques héritées, des maladies auto-immunes. »
« Science Translational Medicine », 7 mars 2012.
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