DANS LE débat entre les partisans de la chirurgie et ceux prônant le traitement médical, en cas de syndrome du canal carpien sans dénervation, un essai contrôlé randomisé apporte de l’eau au moulin des pro bistouri. Jeffrey G. Jarvik (Seattle) et coll. écrivent, en effet, « Notre étude, ainsi que d’autres preuves antérieures, indiquent que la chirurgie est utile… »
Dans 8 centres, les médecins ont enrôlé 116 patients, dont 57 dans le groupe chirurgie et 59 dans un groupe non-chirurgical (avec physiothérapie et ultrasons). Il faut savoir que des changements de traitement ont pu être proposés en cours d’études, si besoin. Les auteurs se sont fixé deux objectifs. Le premier était l’évaluation clinique au bout d’un an, le second l’apport de l’électromyogramme (EMG) et de l’IRM sur la prédiction du résultat.
Dès le 6e mois.
Au bout d’un an sur les 116 patients enrôlés, 101 (87 %) cas ont pu être analysés. Sur les 57 sujets a priori opérables, 44 (77 %) en ont bénéficié. Il apparaît une amélioration significative dès le 6e mois dans le groupe chirurgie, jugée sur un questionnaire d’évaluation. Ce mieux être porte tant sur la fonction que sur la symptomatologie. Toutefois les auteurs jugent modeste l’intérêt clinique pour les patients. Aucune complication sévère n’a été rapportée dans le groupe opéré.
Le second objectif du travail mérite aussi considération. En effet, si l’EMG connaît quelques limites, l’IRM permet de visualiser le nerf médian, d’où son intérêt. Curieusement, parmi les patients au signal IRM modéré à sévère seulement de 40 à 45 % d’entre eux ont été améliorés chirurgicalement contre 83 à 90 % de ceux ayant un signal normal à léger. L’explication tiendrait à un dème plus important du nerf créant le signal fort, mais aussi des lésions moins aptes à récupérer. Malheureusement, au plan statistique, le nombre de patients ainsi explorés est insuffisant pour tirer des conclusions fiables. À l’inverse, les EMG les plus dégradés ont été suivis des meilleurs résultats postopératoires.
Enfin, les auteurs n’ont relevé aucune différence entre la chirurgie traditionnelle et la voie endoscopique.
Lancet, vol 374, pp.1074-1081.
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