Depuis septembre 2010, la clinique lyonnaise du Tonkin expérimente la chirurgie mini-invasive à l’aide d’un robot opératoire.
Ses utilisateurs en ont fait un bilan à l’occasion des 32e journées nationales d’étude et de perfectionnement des infirmiers de bloc opératoire diplômés d’État (Ibode), qui viennent d’avoir lieu à Lyon. « Dans notre centre hospitalier, toutes les prostatectomies radicales sont réalisées grâce au robot, explique le Dr Marwan Dawahra, chirurgien urologue à la clinique du Tonkin. Il nous permet notamment d’avoir une visibilité du site opératoire à 2 ou 3 cm de distance, contre 15 à 20 cm avec une cœlioscopie et presque 50 cm en champ ouvert ». Baptisé Da vinci, le robot est muni d’une caméra qui permet une visualisation en 3D du site à opérer. Pour le Dr Dawahra, cette nouvelle technologie est une révolution. « En Ile-de-France, 50 % des prostatectomies radicales sont déjà faites avec le robot et ce taux atteint 90 % aux États-Unis. Au cours de ma carrière, j’ai connu beaucoup de chirurgiens qui ont commencé à travailler en coelioscopie, puis ont arrêté. Mais à ma connaissance, aucune équipe ayant commencé à opérer par robot n’a pour le moment cessé de l’utiliser ! » A la clinique du Tonkin, 478 interventions ont été réalisées en chirurgie urologique, dont 388 prostatectomies. Cela représente 80 % des utilisations du robot. Il est également employé en gynécologie et en chirurgie digestive notamment.
Un surcoût de 900 euros par patient
Au départ, six spécialités chirurgicales étaient intéressées et des créneaux d’utilisation du robot ont dû être mis en place. Un « comité robotique » a vu le jour, présidé par le Dr Dawahra, pour réguler les demandes d’utilisation du robot. Actuellement, il n’est plus employé en chirurgie cardiaque, car il fallait le déplacer dans une autre salle d’opération, ce qui était trop contraignant. Le principal frein à l’expansion de cette technologie reste néanmoins son coût. « Il ne s’agit pas du prix du robot lui-même, qui est à peu près équivalent à celui d’un scanner ou d’un appareil d’IRM. Mais ce sont surtout les consommables qui coûtent très cher », pointe le Dr Dawahra. Il faut en effet remplacer régulièrement les pinces, ciseaux, crochets, etc. Chaque instrument n’est utilisable que dix fois et à la onzième intervention, le robot ne l’accepte plus. Une tête de caméra coûte plus de 15 000 euros et le coût de la maintenance s’élève à 10 % du prix du robot soit environ 120 000 euros. Le surcoût de l’utilisation d’un robot par rapport à une coelioscopie est estimé à 900 euros par patient environ. « Nous devons travailler sur la prise en charge de cet acte en urologie », indique le Dr Dawahra. Malgré ces freins il reste cependant optimiste, car selon lui le robot permet une récupération plus rapide du patient, une baisse des risques infectieux et une réduction des séquelles. En chirurgie de la prostate notamment, le risque d’impuissance est réduit. « Il faut se rappeler, toutes proportions gardées, des difficultés de la coelioscopie au début. Nos enfants et nos petits enfants opéreront au robot à l’avenir ! », estime-t-il.
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