Dans les locaux flambant neufs de la Station H, au sein du pavillon V de l’hôpital Édouard-Herriot à Lyon, Éric Ermenault, directeur des ventes de la société Moon Surgical, effectue une démonstration de bras robotiques destinés à la chirurgie. « Ils étaient au départ utilisés dans l’industrie nucléaire », explique-t-il. « Un bras permet de tenir la caméra pour la cœlioscopie, tandis qu’un autre peut porter une pince. Grâce au machine learning, ce robot a appris à reconnaître les différents outils, ce qui permet au chirurgien de réaliser des chirurgies très simples tout seul. À l’heure où les difficultés pour trouver des infirmières de bloc opératoire sont importantes, cette technologie offre un réel avantage », développe-t-il.
En France, trois établissements sont équipés de cet outil, qui est principalement utilisé en chirurgie digestive. « Les médecins l’utilisent notamment pour de la chirurgie de la vésicule, qui est à très fort volume et à très faible complexité, ou encore pour la chirurgie de l’obésité », précise Éric Ermenault. Environ 400 opérations ont déjà été réalisées. Le coût de l’appareil est de 300 euros par chirurgie. « Il faut en effectuer environ 50 par mois pour le rentabiliser », estime-t-il.
Salle d’opération simulée
Dans une pièce voisine, Sylvain Besson, gérant de l’entreprise SQI, présente un robot permettant de porter un outil chirurgical et de le déplacer de manière autonome sur des trajectoires complexes. « Grâce à un système de localisation, le robot peut viser tout seul la zone à cibler, explique-t-il. Il est ainsi dix fois plus précis qu’un chirurgien et il n’est jamais fatigué ».
Si l’utilisation de robots pour la chirurgie est l’un des domaines qui peut être expérimenté à la Station H, il n’est pas le seul, comme en témoigne ce système de brancardage en démonstration dans une troisième pièce. Ce « pousseur de lit » bénéficie d’une assistance au rythme de la marche qui facilite la tâche du brancardier. Et lorsque ce dernier a amené le lit à l’endroit souhaité, il peut utiliser le dispositif comme trottinette !
La Station H « est un espace qui fait le lien entre l’intérieur et l’extérieur de l’hôpital. Elle permet de réaliser des expérimentations en vie réelle dans une salle d’opération simulée ou dans des couloirs et de travailler en coopération avec les industriels », décrit Armelle Dion, directrice de l’innovation des HCL.
Pour le Pr Marc Colombel, coordinateur et responsable médical de la Station H, « l’objectif est de bâtir la robotique hospitalière de demain, celle qui allégera la charge de travail des soignants ». Pour cela, il distingue plusieurs piliers. « D’abord, nous pensons que la robotique peut transformer les soins, améliorer la logistique hospitalière. Ensuite, l’industrie propose une offre croissante dans ce domaine, mais c’est à l’hôpital d’exprimer ses besoins. Il y a également nécessité de clarifier les besoins des utilisateurs », estime-t-il.
L’existence d’une équipe soudée et dynamique et le soutien de la direction sont des composantes incontournables au succès de l’opération. Raymond Le Moign, directeur général des HCL, rappelle pour sa part que l’innovation n’est pas systématiquement technologique. « On peut avoir une réflexion sur la chirurgie robotique, mais aussi un questionnement sur les robots mis au service de la pénibilité », insiste-t-il. Depuis juin 2023, la Station H a accueilli une dizaine de programmes robotiques en test.
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