Une étude internationale soutenue par l’OMS

Une checklist minimise les risques en chirurgie

Publié le 18/01/2009
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Crédit photo : S TOUBON

COMME LES PILOTES d’avion, les équipes des blocs opératoires pourraient effectuer à haute voix des procédures de vérifications systématiques lors de chaque intervention chirurgicale. Une étude internationale soutenue par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) vient de montrer en effet que l’introduction d’une checklist permettrait de réduire les risques de complications et de décès d’un tiers. De nombreuses complications liées à la chirurgie sont évitables, pour 50 % d’entre elles au moins d’après des données récentes.

En 2008, l’OMS avait identifié certaines pratiques comme pouvant améliorer la sécurité des patients. En se fondant sur ces recommandations, le Canadien Haynes et ses collaborateurs du centre investigateur principal de Toronto ont retenu 19 items pour établir une checklist réalisable en pratique courante. Cette procédure, déjà utilisée dans l’aviation, consiste à confirmer par oral et de manière systématique que certaines étapes clefs ont été effectuées : vérification de l’identité et du site chirurgical, marquage du site chirurgical, anesthésie, notion d’allergie, antibioprophylaxie, équipe au complet… La procédure est réalisée en trois temps : avant l’administration de l’anesthésie, immédiatement après l’incision chirurgicale et avant la sortie du bloc. Le critère principal choisi était la survenue de complications graves en période postopératoire (30 jours).

Huit centres participants.

Cette étude internationale a été menée dans 8 hôpitaux de 8 pays différents. L’échantillon socio-économique a été voulu le plus représentatif possible de la population mondiale : Toronto (Canada), New Delhi (Inde), Amman (Jordanie), Auckland (Nouvelle Zélande), Manille (Philippines), Ifakara (Tanzanie), Londres (Royaume-Uni) et Seattle (États-Unis). Tous les centres avaient été participants à la mission de l’OMS pour une chirurgie à moindre risque, le programme «  Safe surgery saves lives ». De manière prospective, l’étude a recueilli les données de 3 733 patients pour constituer le groupe contrôle et celles de 3 955 autres sujets pour le groupe checklist. Il s’agissait de sujets âgés de plus de 16 ans et opérés de manière consécutive. Le suivi était assuré jusqu’à la sortie ou pendant 30 jours.

Réduction d’un tiers des complications.

De manière globale sur l’ensemble des sites, après la mise en place de la checklist, le taux de complications est passé de 11,0 % dans le groupe contrôle à 7,0 % (p<0,001). Le taux de décès a chuté dans les mêmes proportions de 1,5 % à 0,8 % (p = 0,003). Les infections du site opératoire et les réinterventions non programmées ont également diminué de manière significative. Ces résultats ont été constatés que les moyens financiers du site hospitalier soient bas ou élevés. Une analyse croisée a montré que les données n’étaient pas modifiées si un site était retiré du modèle.

La mise en place d’une checklist périopératoire a amélioré les résultats de la chirurgie. Le taux de complications opératoires a chuté d’un tiers environ, comme la mortalité postopératoire. Si les effets de la procédure pouvaient être plus marqués selon les sites, la tendance a été notée partout et aucun centre à lui seul n’était responsable de l’effet général. Ces résultats suggèrent que l’introduction d’une checklist est souhaitable et ce quel que soit le niveau socio-économique du pays.

Haynes et coll. New England Journal of Medicine, édition avancée en ligne.

 Dr IRÈNE DROGOU

Source : lequotidiendumedecin.fr