L’ÉQUIPE du Pr Laurent Lantiéri a réalisé fin juin sa 5e greffe du visage. Particulièrement difficile, cette greffe comportait les paupières, ainsi que les glandes et les voies lacrymales. Une greffe du visage avec les paupières avait déjà été réalisée par la même équipe chez un patient qui avait souffert de brûlures et était décédé deux mois après la greffe du fait d’une infection. « Là nous avons greffé la totalité des tissus mous de superficie de la face chez un jeune homme de 35 ans, souffrant d’une neurofibromatose avec des déformations du haut du visage. » Il s’agit du troisième cas pour le total des 13 greffes de la face et le deuxième cas pour l’équipe de Créteil. Maladie orpheline qui concerne une naissance pour 3 500, la neurofibromatose est responsable de déformations qui atteignent la face dans 18 % des cas. Cette maladie génétique, orpheline, pour laquelle il n’y a pas de ressources, semble représenter une indication importante de la greffe de la face. Pour le Pr Lantieri, les déformations liées à la neurofibromatose ne présentent pratiquement pas de risque de survenir dans les tissus greffés. En effet, a-t-il précisé, « nous avons déjà l’expérience de Pascal, le premier greffé pour cette maladie, qui, au terme de trois ans, ne présente rien dans son greffon. Ensuite, les tissus greffés émettent la protéine déficitaire et, enfin, le traitement immunosupresseur que l’on donne peut inhiber la prolifération ».
En ce qui concerne le temps de la greffe, celui-ci a également progressé. Le prélèvement a pris six heures (contre douze heures dans la première greffe) et la greffe elle-même a mis près de douze heures, ce qui est plus court que pour les greffes précédentes. Cela montre une amélioration des techniques et du savoir-faire. Deux semaines après sa greffe, le patient pouvait parler, manger et ouvrir les yeux. Chez ce patient, le releveur de la paupière n’a pas été greffé et ce muscle qui s’insère au fond de l’orbite est celui du receveur et a été connecté au greffon. Le patient avait des larmes, mais il ne s’agissait pas encore de celles reliées à son émotion personnelle. Après une hospitalisation de deux mois, l’étape suivante a concerné la repousse nerveuse.
Greffe étendue en Espagne.
Rappelons qu’en Espagne également, une greffe étendue de la face a été réalisée en mars dernier à Barcelone (hôpital Vall d’Hebron) et présentée comme une première mondiale par l’équipe de Joan Père Barret. Cette greffe a consisté, en effet, en une transplantation de la peau et des muscles du visage, du nez, des lèvres, du maxillaire supérieur, des dents, du palais, des pommettes et de la mandibule. Ce jeune patient avait été défiguré cinq ans auparavant à la suite d’un accident automobile. Il avait perdu le nez, ne pouvait ni respirer naturellement, ni s’alimenter, ni parler. Il avait subi neuf interventions à visée restauratrice sans succès. Avant la transplantation, il avait été informé que l’intervention mettait sa vie en danger. L’intervention a duré 24 heures et a mobilisé 30 personnes. Le premier temps a consisté à prélever la face du donneur (peau, parties molles, muscles, nerfs et structures osseuses), puis la face du receveur a été retirée. Il s’agissait du moment critique quant à la survie du patient. Puis la vascularisation du greffon a été rétablie en premier lieu. Ensuite ont été transplantés les maxillaires, la mandibule et le nez. Les sutures musculaires et nerveuses ont précédé la phase finale de suture cutanée. Au bout d’une semaine, après accord des psychologues, le patient a été autorisé à se revoir dans un miroir ; il s’était montré satisfait et avait jugé qu’il ne ressemblait pas au donneur.
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