Une grande étude paneuropéenne sur plus de 19 000 personnes de 27 pays, présentée à Berlin, au congrès de l’European Academy of Dermatology and Venereology (EADV) qui s'est tenu du 11 au 14 octobre, confirme que les personnes ayant des maladies de peau souffrent de stigmatisation. Le fardeau psychologique aggrave l’impact physique de la maladie.
Il s’agit de la plus grande étude épidémiologique jamais entreprise en Europe sur les pathologies cutanées. Au total, ce sont 19 015 personnes atteintes de diverses maladies de la peau ont été interrogées. Ce travail a été publié dans le JEADV.
Les maladies examinées comprenaient, entre autres, les infections fongiques de la peau, l'acné, la dermatite atopique (eczéma), l'alopécie, le psoriasis et les infections sexuellement transmissibles (IST).
Stigmatisation dans la vie personnelle et professionnelle
Environ 9 patients sur 10 (88 %) atteints d'une maladie de peau considèrent que leur maladie est embarrassante dans leur vie personnelle et 83 % dans leur vie professionnelle. Près de 25 % déclarent avoir modifié leur activité professionnelle en raison de leur maladie et la vie professionnelle est particulièrement altérée chez les patients souffrant d'acné (48 %) et d'urticaire (60 %).
Les résultats antérieurs de l’étude « The Burden of Skin Disease in Europe » ont montré que près de la moitié de la population adulte européenne déclare souffrir d’au moins une pathologie dermatologique. La prévalence des maladies de peau est probablement bien plus élevée. Environ 40 % des cancers de la peau et des diagnostics d'IST restent méconnus lors de la première consultation et sont diagnostiqués lors de rendez-vous ultérieurs.
Pour la Pr Marie-Aleth Richard (Marseille), autrice principale de la nouvelle analyse : « Cette étude met en évidence le défi psychosocial alarmant auquel sont confrontées les personnes atteintes de maladies de peau et souligne la nécessité de fournir un soutien psychologique aux patients et d'atténuer la stigmatisation que les patients subissent dans leur vie personnelle et professionnelle. Avec un impact profond sur la santé mentale, ces maladies courantes ont des conséquences néfastes sur la qualité de vie des patients. »
Étonnamment, malgré leur forte prévalence et, dans certains cas, leurs graves conséquences psychologiques et physiques, les maladies de la peau font l’objet d’une attention limitée en matière de politique, de recherche et de financement.
Le parcours des patients atteints de maladies de peau est souvent complexe, de nombreux patients évitant de consulter. Tout cela contribue à ce que ces maladies soient sous-reconnues et sous-financées, avec une faible conscience du véritable fardeau qu’elles font peser sur la population européenne.
Des patients satisfaits de leur dermatologue
La perception du public à l’égard des dermatologues à travers le continent est encourageante. Huit patients sur 10 (81 %) se déclarent satisfaits de leur spécialiste et des informations médicales qu'ils reçoivent.
« Des mesures urgentes doivent maintenant être prises pour sensibiliser à l'impact des maladies cutanées sur les individus et la société et pour garantir que les patients reçoivent les soins holistiques dont ils ont besoin, y compris un soutien en matière de santé mentale, a déclaré la Pr Myrto Trakatelli (Bruxelles). L'élimination de la stigmatisation dans tous les domaines est d'une importance capitale pour améliorer réellement la vie des nombreux patients vivant avec des maladies de peau, c'est pourquoi nous appelons les décideurs politiques à prendre des mesures concertées pour s'attaquer au fardeau physique et psychologique des maladies de peau ».
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