L’appli ChronoReco a connu un succès grandissant depuis sa création en octobre 2020 mais elle est surtout utilisée par les quelque 4 000 dermatologues que compte la France. « Il n’y a aucune raison pour que les généralistes, également amenés à voir des patients avec des pathologies dermatologiques (à commencer par l’acné) ne s’en emparent pas eux aussi ! », souligne le Pr Sébastien Barbarot, dermatologue au CHU de Nantes. Les pathologies les plus consultées sont le psoriasis et les teignes. Pour ces dernières, l’explication vient probablement de nouvelles recommandations pour la prise en charge des teignes chez l’enfant.
De quoi s’agit-il ?
ChronoReco est un outil qui utilise les recommandations basées sur les preuves issues des groupes thématiques de la Société française de dermatologie et qui les intègre dans une application. Elle permet d’obtenir des propositions thérapeutiques qui sont au plus près des caractéristiques du patient. Cela concerne autant l’initiation d’un traitement qu’un changement de thérapeutique en cas d’échec d’un premier traitement. En revanche, il n’y a pas d’aide au diagnostic. L’outil est centré sur la prise en charge.
Il est aussi très rapide, puisqu’il faut moins d’une minute au médecin pour obtenir les informations recherchées. « On y entre par la pathologie, puis par les caractéristiques du patient, et on arrive à la recommandation en cinq ou six clics. C’est intéressant pour les dermatologues qui initient les traitements systémiques, mais aussi pour les généralistes, amenés à prendre en charge de nombreux problèmes dermatologiques en soins primaires comme les teignes, la maladie de Verneuil, l’acné ou les infections sexuellement transmissibles (qui arriveront sur ChronoReco au premier trimestre 2024) par exemple. Le psoriasis va bénéficier d’une mise à jour. La dermatite atopique sera aussi intégrée d’ici fin 2024. On y trouve encore l’urticaire chronique : même si bien souvent, les généralistes demandent l’avis initial d’un dermatologue, ce sont eux qui gèrent ensuite cette pathologie », souligne le Pr Barbarot.
En pratique
L’appli ChronoReco peut être téléchargée gratuitement et il n’y a pas de code à entrer. Les données sont libres d’accès (il n’y a pas besoin du numéro RPPS). Elle est destinée à une utilisation au quotidien, pour savoir comment prendre en charge son patient (une fois le diagnostic posé) en tenant compte des recommandations. ChronoReco va encore s’enrichir dans les prochains mois pour qu’à terme, on y retrouve toutes les recommandations de prise en charge de l’acné, de l’hidradénite suppurée, du psoriasis, des teignes de l’enfant, de l’urticaire chronique spontanée, des maladies et infections sexuellement transmissibles, de la dermatite atopique, de l’herpès, de la pelade, du vitiligo, du lichen plan et du prurigo nodulaire.
« Il ne s’agit pas d’avoir toutes les pages reprenant les recommandations mais bien d’obtenir en quelques clics (afin de préciser le niveau de sévérité de la maladie, ses comorbidités, etc.), grâce à l’algorithme, la recommandation utile pour son patient. Il y a d’ailleurs des alertes sur de possibles interactions et associations déconseillées en fonction des comorbidités du patient. Nous avons vraiment adapté les recommandations dans le but qu'elles servent à des médecins qui travaillent et qui ont peu de temps », insiste le Pr Barbarot.
Exemple avec l’acné : une fois choisi s’il s’agit d’un traitement d’attaque, de seconde ligne (en cas d’échec après trois mois de traitement de première ligne), d’entretien, de traitement à visée contraceptive, de traitement chez une femme enceinte ou allaitante ou encore de recherche de conseils associés au traitement, on accède aux recommandations ciblées. Pour les femmes enceintes, il y a même un lien direct avec le Centre de référence sur les agents tératogènes (Crat) pour en savoir plus sur les molécules pouvant être utilisées ou pas.
Enfin, les principaux messages d’éducation du patient sont résumés et accessibles en deux clics supplémentaires. Pour certaines pathologies, comme le psoriasis, il est possible d’accéder à des documents en version PDF imprimables, tels que des fiches d’information à remettre au patient ainsi que des ordonnances types. « C’est donc vraiment concret, pratique et adapté à une consultation de ville », conclut l’expert.
Entretien avec le Pr Sébastien Barbarot (CHU Nantes)
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