À l’occasion des Journées dermatologiques de Paris du 29 novembre au 3 décembre 2022, la Société française de dermatologie (SFD) en a exposé les points forts, entre avancées dans le vitiligo et évolutions ayant trait aux infections sexuellement transmissibles (IST).
L'arsenal thérapeutique dans le vitiligo est en train de se développer, comme le rapporte le Pr Thierry Passeron (CHU de Nice). Alors que cette affection touche entre 0, 5 % et 2 % de la population dans le monde et 1,3 % des Européens, la recherche s'active pour mieux la prendre en charge. Plus de trois quarts des patients atteints (76 %) se sont déjà entendus dire par leur médecin qu’il n’y avait rien à faire pour leur vitiligo.
Pour cette pathologie auto-immune favorisée par le stress, le seul traitement jusqu'alors était non spécifique et reposait sur les dermocorticoïdes topiques ou le tacrolimus (immunosuppresseur) par voie orale. Ces traitements permettent une repigmentation pour 70 à 80 % des patients avec une atteinte au niveau du visage. Dans 50 % des cas, il est également possible d’obtenir de bons résultats sur le corps.
Bientôt le ruloxitinib en crème
La connaissance de la physiopathologie a permis de développer ces dernières années des traitements spécifiques dont le plus avancé est le ruxolitinib en crème. Il s’agit d’un médicament de la famille des anti-JAK, un inhibiteur de kinase qui a eu une autorisation de mise sur le marché (AMM) aux États-Unis en juillet 2022.
Le ruloxitinib a montré son efficacité dans deux essais cliniques de phase 3, à paraître dans « The New England Journal of Medicine ». Ces études internationales ont évalué l’effet de cette molécule chez des enfants d'au moins 12 ans et des adultes atteints de vitiligo. Les résultats montrent qu’il est bien toléré et possède une bonne efficacité sur le visage et sur le corps. Il est plus décevant en revanche au niveau des mains et des pieds.
C'est un net progrès par rapport aux traitements déjà existants. À tel point que, dès l’autorisation du médicament en France, il devrait devenir la première ligne du traitement, au mieux en association avec les UV, chez les enfants et les adultes. Le traitement dure 6 à 24 mois en application matin et soir sur les lésions. Pour les formes actives ou étendues de vitiligo (pour lesquelles cette application n’est pas possible), des essais sont en cours avec d’autres anti-JAK, dont les résultats sont attendus dans quelques mois.
Autre piste thérapeutique à l’essai : traiter très activement le vitiligo, dès l’apparition des premières plaques, avec des corticoïdes par voie orale associés à des UVB, dans l'objectif de ralentir l’évolution de la maladie. Enfin, pour les coudes, les poignets, les genoux et le dos de la main, un essai testera l’efficacité d’une greffe épidermique, associée à des anti-JAK en topique.
Acné chez les femmes de plus de vingt ans
Pour les acnés de la femme adulte, une nouvelle approche reposant sur la spironolactone aux propriétés anti-androgéniques est testée, rapporte le Dr Sandra Ly, dermatologue à Bordeaux, présidente du groupe Defi (Dermatoses faciales) de la SFD.
Ce type d'acné, qui concerne 40 % des femmes après l’âge de 20 ans, est tardif, d’évolution chronique et récidivant. Elle peut être difficile à traiter, les patientes ayant essayé plusieurs médicaments (cyclines, isotrétinoïne). Les résultats de l’étude française « Fasce » évaluant la spironolactone versus la doxycycline, sont attendus en 2023.
Vers un vaccin anti-gonocoque
Quant à la prise en charge des IST et des hépatites, de nouvelles recommandations sous l’égide de la Direction générale de la santé et de la Haute Autorité de santé, sont en cours de rédaction, indique le Dr Sébastien Fouéré (hôpital Saint-Louis, AP-HP). Au sujet des gonocoques, résistants à un nombre croissant d’antibiotiques, l’ertapénème pourrait être utilisé en cas de perte d’efficacité de la ceftriaxone.
Un vaccin préventif anti-gonocoque, s’inspirant de celui contre le méningocoque, est développé par plusieurs firmes pharmaceutiques. Une étude cas-témoin a en effet montré que les personnes vaccinées contre le meningocoque B avaient un risque d’être infectées par le gonocoque diminué de 40 %, le risque étant réduit de 20 % chez celles n’ayant reçu qu’une dose. Une inquiétude monte concernant les infections à Mycoplasma génitalium chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, ce germe étant devenu dans cette population très résistant à l’azithromycine et, dans une moindre mesure aux fluoroquinolones.
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