LA PEAU HUMAINE préparée par bio-ingénierie représente une source intéressante pour la délivrance de molécules thérapeutiques, dans la recherche de traitements pour des maladies systémiques. On peut faire sécréter le produit thérapeutique par les fibroblastes et les kératinocytes génétiquement reprogrammés par transfert de gène. Le grand avantage de ce support tient à son accessibilité, avec une possibilité de manipulation et de contrôle aisés des cellules génétiquement modifiées.
Des chercheurs Allemands, Jean-Philippe Therrien et coll. (Marbourg), présentent une étude dans laquelle ils font exprimer chez la souris le peptide ANP (Atrial Natriuretic Peptide), une hormone permettant de réduire la pression artérielle, par des cellules d’un équivalent de peau humaine, traité par bioingénierie.
L’équivalent de peau humaine (EPH) est obtenu en isolant des fibroblastes et des kératinocytes à partir de prépuces humains prélevés en période néonatale (circoncisions).
Kératinocytes et fibroblastes.
L’une des difficultés de la recherche sur la peau humaine est d’obtenir une expression soutenue des gènes thérapeutiques, notamment par les kératinocytes. Les chercheurs ont cherché à surmonter cette difficulté en introduisant un gène marqueur dans les cellules souches des kératinocytes et des fibroblastes, permettant de sélectionner les cellules qui ne sont pas résistantes à l’ANP. En transfectant l’EPH par des rétrovirus vecteurs avec les deux gènes, ils augmentent le pourcentage des kératinocytes et des fibroblastes qui expriment l’ANP.
On sait qu’une administration d’ANP réduit la pression artérielle de patients hypertendus et de modèles animaux. « Notre but a été d’obtenir une expression à long terme d’ANP avec un maintien de la réduction de la TA, sans répéter l’administration du vecteur viral. »
Des patchs de l’EPH ainsi préparé ont été greffés chez des souris immunodéficientes et présentant une tendance génétique à l’HTA.
Une piste, la mucoviscidose.
Les patchs ont réduit la tension artérielle des souris alimentées normalement, et ont réalisé une prévention efficace d’une HTA induite par une charge en sel chez ces souris.
Les souris présentent des taux plasmatiques élevés d’ANP et ont des taux réduits de rénine réduits, avec une réduction de la TA, comparativement aux témoins.
Au total, « nous avons réalisé une première approche démontrant qu’un traitement par peau humaine permet de réaliser une normalisation prolongée de la TA chez des souris hypertendues. Une approche qui pourrait faire produire et délivrer des molécules thérapeutiques dans différentes maladies systémiques, comme l’HTA et la mucoviscidose », concluent les auteurs.
Jean-Philippe Therrien et coll., Proc Natl Acad Sci USA, édition avancée en ligne.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?