Maladie parmi les plus fréquentes au monde, l’acné touche près de 10 % de la population globale et 85 % des adolescents et jeunes adultes. Elle semble de plus en plus fréquente chez la femme adulte, avec une prévalence proche de 40 %. Dans la majorité des cas, il s’agit d’une acné persistant depuis l’adolescence, voire la préadolescence. Mais dans 20 %, elle débute entre 20 et 25 ans, ce qui constitue une acné tardive stricto sensu.
Deux profils cliniques se rencontrent : le profil en T (lésions au niveau du front, de la zone médiofaciale), proche de l’acné de l’adolescent, et le profil en U, où les lésions siègent préférentiellement sur le bas du visage, le cou, le dos et le décolleté. Bien que l’acné de la femme adulte soit plutôt d’intensité légère à modérée, elle pèse fortement sur la qualité de vie, pour une femme sur deux. Et 70 % d’entre elles déclarent utiliser des cosmétiques couvrants.
Réduction du caractère affichant
Les effets des maladies de la peau et les attentes des patients ont fait l’objet d’une enquête en ligne menée par la Société française de dermatologie (SFD) en 2022 via son site internet grand public, Dermato-info. L’analyse des plus de 1 700 questionnaires complétés a montré que l’acné fait partie des six dermatoses le plus souvent citées comme dégradant la qualité de vie. Avec les deux autres dermatoses faciales les plus fréquentes (rosacée et dermite séborrhéique), l’acné affecte fortement l’image (63 %) et l’estime (58 %) de soi. Des conséquences sur la vie relationnelle sont rapportées une fois sur deux ; elle est une source de souffrance morale dans 40 % des cas. Les personnes ayant répondu à l’enquête souhaitent une réduction du caractère affichant (56 %) et la reprise d’une vie sociale (56 %).
Le fardeau de l’acné dépend de l’intensité de l’atteinte faciale, mais aussi de celle du tronc et de la présence de séquelles à type de cicatrices, qui sont fréquentes et perdurent. Ce constat conduit à réfléchir à l’intérêt potentiel d’un traitement précoce et actif chez les sujets à haut risque cicatriciel, notamment les personnes de phototype foncé, chez qui l’acné est responsable de marques pigmentées d’apparition précoce et très persistantes.
En prolongement de l’enquête précédemment citée, une table ronde, organisée par la SFD et Dermato-info.fr dans le cadre de la Journée mondiale santé de la peau, sera consacrée au thème « Maladies de la peau : quelles sont vos attentes ? », le vendredi 15 septembre prochain à Paris. Des représentants d’association de malades et de la Fédération française de la peau ainsi que des dermatologues hospitalo-universitaires et libéraux animeront les échanges autour de témoignages de patients et patientes. Les problématiques des dermatoses faciales y seront bien sûr abordées.
Un groupe dédié aux dermatoses faciales
Le groupe Defi, groupe thématique SFD dédié aux dermatoses faciales a vu le jour en 2022. Il compte actuellement une quarantaine de membres, et travaille de façon transversale avec d’autres groupes thématiques de la SFD afin de mener des actions de formation, d’information, de recherche et de partage d’expertise.
L’une de ses premières actions a été sa participation au séminaire consacré à l’isotrétinoïne, organisé en juin 2022 par le Centre de preuves en dermatologie de la SFD. Rappelons que cette molécule phare de la spécialité, dont la primoprescription est réservée aux dermatologues, est essentielle à la prise en charge de l’acné sévère et/ou à risque cicatriciel. Ce séminaire a été l’occasion d’aborder toutes des facettes de l’isotrétinoïne, en particulier ses deux risques principaux, psychiatrique et tératogène. À ce sujet, l’ANSM a émis en 2021 de nouvelles recommandations de prescription : deux consultations avant toute initiation du traitement, la prescription d’une contraception orale associée à une contraception d’urgence et de préservatifs, ainsi qu’un suivi mensuel de tous les patients, filles mais aussi garçons. Le séminaire a aussi permis de faire le point sur la surveillance biologique, qu’il est possible d’alléger. Ses conclusions vont être publiées prochainement.
Dans le domaine de la recherche clinique, l’essai Ethnic, piloté par le groupe Defi, a pour objectif d’évaluer l’intérêt d’un traitement précoce par isotrétinoïne, versus traitement standard, chez des patients et patientes de phototype foncé ayant une acné avec taches pigmentées. La lettre d’intention au programme hospitalier de recherche clinique non-cancer (PHRC non-cancer) a été retenue et le projet final vient d’être déposé.
Les dermatologues attendent aussi les résultats de l’étude française Fasce, évaluant la spironolactone comparativement à la doxycycline dans l’acné de la femme adulte.
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