Risque cardio-vasculaire confirmé

Le psoriasis n’est pas qu’une maladie de peau

Publié le 15/06/2009
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ENCORE UNE CERTITUDE ébranlée en médecine, le psoriasis n’est pas le pré carré des dermatologues. Pour soigner cette affection a priori commune de la peau, le savoir-faire des cardiologues et des médecins généralistes est désormais mis à contribution. Car si l’atteinte cardio-vasculaire « saute moins aux yeux » que les classiques épaisses plaques rouges, elle existe bel et bien, comme vient de le confirmer une étude californienne. Il y a quelques années, l’attention avait déjà été attirée sur le risque majoré d’infarctus du myocarde, en particulier pour les formes sévères de la dermatose (voir « le Quotidien » du 13 octobre 2006). Des dermatologues de Miami viennent de montrer que le phénomène d’athérosclérose n’est pas circonscrit au cœur. Outre les infarctus du myocarde (IDM), le psoriasis augmente également les risques d’accident vasculaire cérébral (AVC) et d’artériopathies périphériques.

Registres de vétérans américains.

Pour évaluer la prévalence de l’atteinte cardio-vasculaire au cours de la maladie, le Dr Srjdan Prodanovich et ses collègues de l’université de Miami ont utilisé les registres médicaux d’anciens combattants de l’armée américaine. Ainsi 3 236 sujets atteints de psoriasis ont été inclus dans l’analyse et comparés à 2 500 militaires contrôles. Comme dans les études précédentes, la prévalence du diabète de type 2, de l’hypertension artérielle, des dyslipidémies et du tabagisme était plus élevée en cas de psoriasis. Néanmoins, même après ajustement sur ces variables, il est apparu que la prévalence des événements cardio-vasculaires était significativement majorée par rapport aux contrôles. Ainsi, non seulement le risque d’IDM était plus élevé (rapport de côtes ou OR de 1,78, IC 95 %, 1,51-2,11), mais également celui d’AVC (OR 1,70, IC 95 %, 1,33-2,17) et d’artériopathies périphériques (OR 1,98, IC 95 % 1,32-2,82). Le psoriasis s’est de plus révélé être un facteur de risque indépendant pour la mortalité (OR 1,86, IC95 %,1,56-2,21).

L’inflammation associée au psoriasis n’est pas que locale, mais présente également une traduction systémique. La prise en charge de la dermatose nécessite que les médecins en tiennent compte. Pour chaque patient psoriasique, il serait bon d’évaluer et de traiter les facteurs de risque cardio-vasculaire classiques, en particulier par la prescription d’aspirine. Les auteurs soulignent la nécessité de poursuivre les recherches. Il n’est pas clairement établi pour encore si traiter de manière agressive le psoriasis améliore notablement la survenue des manifestations athéroscléreuses. De même, il reste à évaluer si la correction des facteurs de risque traditionnels est suffisamment protectrice et s’il existe un bénéfice à dépister les sujets asymptomatiques.

Arch Dermatol, volume 145, n° 6, juin 2009.

Dr IRÈNE DROGOU

Source : lequotidiendumedecin.fr