Eczéma de contact

Penser aux parfums : ils sont presque partout

Publié le 14/09/2009
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Reconnaître

Reconnaître l’eczéma de contact.

Qu'ils soient présents dans les produits cosmétiques, dans certains médicaments à application locale ou dans toute autre source allergénique, les parfums peuvent être la source d’eczéma de contact par contamination directe ; aéroportée (par spray), manuportée par contact indirect (le produit incriminé est souvent utilisé par un proche). De mécanisme retardé non IgE-dépendant, l’eczéma de contact aux parfums est prurigineux avec classiquement un érythème, des vésicules avec croûtes et desquamation secondaire ou suintements. Évoluant sur un mode aigu assez explosif ou sous forme chronique avec un aspect fripé de la peau, la localisation des lésions peut orienter le diagnostic vers les produits en cause.

Suspecter

Comment suspecter les produits responsables.

Actuellement, 26 allergènes des parfums sont reconnus comme étant allergisants et l`étiquetage des produits cosmétiques doit obligatoirement en mentionner la présence dans certaines conditions. Dans la gamme des cosmétiques, ils sont classés dans la liste des ingrédients.

Une atteinte des paupières supérieures et inférieures, fait évoquer un contact direct par un produit appliqué sur le visage ou aéroporté par spray ou manuporté avec une crème pour les mains. L’atteinte des creux axillaires fera plutôt évoquer les déodorants. La localisation au niveau des mains peut être due à un contact avec des produits cosmétiques ou des produits professionnels contenant des parfums comme les huiles de coupe et les produits lessiviels.

Diagnostic

Le diagnostic de l’eczéma aux parfums.

Comme dans toute enquête allergologique, l`interrogatoire est un élément primordial mais il doit être couplé systématiquement à des tests cutanés. La technique est choisie en fonction des produits incriminés par l’histoire clinique :

- patchs tests : la batterie standard ICDRG (International Contact Dermatitis Research Group) permet de tester, grâce aux mélanges fragrances I et II, 14 allergènes des 26 répertoriés. Dans cette même batterie, la colophane, le baume du Pérou et le Lyral sont également des marqueurs de l’allergie aux parfums s’ils sont positifs. D’autres batteries complémentaires en particulier aux parfums, aux excipients et aux conservateurs complètent le bilan ;

- les tests semi-ouverts : ils sont proposés avec certains produits comme les mascaras, les shampooings ou les laques, connus comme allergisants mais également irritants. Ils consistent à appliquer sur la peau le produit incriminé, à le laisser s’évaporer avant d'appliquer un adhésif. La lecture se fait quarante-huit à soixante-douze heures plus tard comme pour les patchs tests classiques ;

- les tests ouverts concernent essentiellement les produits dont la composition est inconnue sans être toutefois toxiques pour la peau. Il s’agit d’appliquer la substance au niveau du pli du coude, sans recouvrir. La lecture s’effectue également 48 à 72 heures plus tard ;

- les tests d’applications répétées (ROAT) sont réalisés lorsque les produits suspectés testés en patch sont négatifs et que l’histoire clinique est toutefois évocatrice. Le contact avec le cosmétique ou tout autre produit se fait alors deux fois par jour sur l’avant-bras pendant au moins 7 jours.

Il y a bien sûr quelques limites à tous ces tests, puisque l’on considère que les mélanges fragrances I et II n'identifient que 70 à 80% des allergies aux parfums et qu’actuellement, environ 3 500 molécules d’origine synthétique ou naturelle sont disponibles pour les parfumeurs.

Dr CATHERINE QUÉQUET Allergologue, Amiens.

Source : lequotidiendumedecin.fr