Eczéma chronique des mains

Un fardeau sous-estimé pour les patients et la société

Publié le 27/10/2009
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Crédit photo : BSIP/PULSE PICT. LIBRARY

L’ECZÉMA chronique des mains ( ECM) associe érythème, œdème, papules et bulles. Comme l’a montré le Pr Olivier Chosidow (CHU Henri-Mondor, Créteil), cette pathologie a des répercussions psychosociales importantes avec un absentéisme prolongé (› 5 semaines/an) pour 20 % d’entre eux, ce pourcentage augmentant avec la sévérité de la maladie.

Près d’un quart des malades (23 %) perdent même leur emploi. Ce handicap s’accompagne logiquement d’anxiété, de dépression, de troubles du sommeil, voire de phobie sociale. Dans ces conditions, la qualité de vie ne peut-être qu’altérée.

N’oublions pas, conclut le Pr Chosidow, les conséquences économiques, une étude mettant en évidence un coût de 8 160 euros par patient et par an, dont 70 % de coûts indirects. Au niveau de l’Union Européenne, la facture est estimée à 104 millions d’euros par an.

L’apport de l’alitrétinoïne (Toctino).

Pour traiter l’ECM, on dispose des corticoïdes forts par voie locale mais ces derniers ne sont pas toujours efficaces et alors, c’était le vide thérapeutique, avant le développement de l’alitrétinoïne qui, comme son nom l’indique, est un rétinoïde ( Dr R. Graham-Brown, Royaume-Uni). L’étude Bach (Benefits of Alitretinoine in Chronic Hand eczema), réalisée par plus de 110 centres de dermatologie en Europe et au Canada et ayant inclus 1 032 patients, montre qu’un traitement de 24 semaines par alitrétinoïne (10 ou 30 mg/j per os), entraîne une amélioration de plus de 90 % de la symptomatologie (observée par les médecins), chez 48 % des patients contre 17 % dans le groupe témoin ( p < 0,001), la réduction médiane de la symptomatologie étant de 75 % sous traitement actif.

Par ailleurs, l’amélioration est rapide étant de 60 % à la 12e semaine et de 75 % à la 24e semaine, avec 30 mg/j. Enfin, l’efficacité est dose-dépendante, plus marquée avec la dose de 30 mg/j.

La rémission obtenue est durable, avec une médiane allant de 5,5 à 6,2 mois et, en cas de rechute, l’efficacité de l’alitrétinoine ne paraît pas modifiée.

Bien sûr, les règles de prescription sont celles des rétinoïdes avec encadrement contraceptif strict chez les femmes en âge de procréer, et le profil de tolérance est aussi celui des rétinoïdes, les effets secondaires cutanéo-muqueux (peau et lèvres sèches, chéilite) étant toutefois moins marqués avec l’alitrétinoïne qu’avec les autres rétinoïdes. Les effets indésirables sont dominés par des céphalées (20 % des patients) qui sont maîtrisées par des analgésiques classiques et en réduisant les posologies de l’alitrétinoïne.

 Dr ALAIN MARIÉ

Source : lequotidiendumedecin.fr